Médecin de nuit compte deux personnages particulièrement marquants : le praticien qui se bat pour venir en aide à ceux que l'on ne veut pas voir (les toxicomanes) au cœur de longues nuits sans sommeil et l'indispensable Carte Vitale, sésame pour accéder au Subutex, médicament dont le nom est prononcé au moins deux fois par minute. Après Les Anarchistes, qui malgré son style peinait dans sa narration, le troisième long-métrage de Elie Wajeman confirme le talent du réalisateur à créer des ambiances mais aussi le manque d'aboutissement de ses scénarios, somme toute "légers" eu égard à l'ambition des projets. On est quand même assez loin d'un Scorsese, Friedkin ou Gray et les scènes de baston ne semblent avoir été écrites que pour essayer de donner du rythme à l'intrigue qui manque d'épaisseur. Même constat pour les seconds rôles qui n'interagissent que sporadiquement avec le héros et d'une manière que l'on peut juger un tantinet artificielle. Le film devrait prendre davantage aux tripes, ce qui est rarement le cas, il s'agit plutôt de stress et de hausse de tension. Médecin de nuit vaut surtout pour la prestation de Vincent Macaigne, remarquable de bout en bout, sur le fil du rasoir des émotions, capable de passer de la douceur à la violence en quelques minutes, donnant le sentiment que la tragédie surviendra avant l'aube et que, peut-être, il la souhaite intérieurement. Tout cela et bien d'autres sentiments, l'acteur le sublime sans surjouer un seul instant.