Médée
Le film reprend plusieurs moments phare du mythe de Médée et Jason, principalement sur le premier et dernier acte de la toison d'or. Ainsi l'histoire démarre sur une ile où Jason enfant et recueilli...
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Nouvelle expérimentation de Paloni sur le terrain des adaptations baroques de la mythologie grecque, après "Œdipe roi" dont on retrouve ici beaucoup de spécificités dans l'empreinte visuelle laissée, dans une atmosphère dont je suis bien en peine d'expliciter les principaux éléments. Ça ressemble à un péplum, et une certaine fascination naît de cette esthétique archaïque riche en costumes très ostensibles et en paysages vastes (Turquie, Syrie, Italie), du moins à certaines occasions — pas du tout lors des scènes montrant Laurent Terzieff en centaure Chiron avec un costume sorti de chez la Foir'Fouille. C'est en tous cas une ambiance graphique qui nourrit un sous-registre de sa filmographie, à côté de la période néoréaliste (type "Mamma Roma"), le courant extrêmement abscons (type "Porcherie"), et les pamphlets virulents (type "Salò").
Heureusement que je connaissais les bases du mythe de Médée en me lançant dans cette histoire, car avec sa narration hétérogène et ses nombreux accès de bizarreries ésotériques, il est tout de même très difficile de suivre la progression sur le plan narratif. Il y a tellement d'éléments qui font perdre le fil et de passages poussif, on a vite fait de se paumer dans les interactions entre la magicienne Médée, le roi Colchide et le prince Jason... Alors que dans le fond, c'est un récit mythologique très puissant, d'une violence assez foudroyante dont je n'ai perçu la force que dans les dernières minutes, avec les derniers gestes et le "rien n’est plus possible désormais" que l'on pourrait voir comme une épitaphe. Le film de Pasolini, malgré toutes ses incongruités, ne gâche pas en tous cas cette dimension de victime-bourreau par infidélité-vengeance, et c'est une bonne chose.
On navigue dans des modes d'expression cinématographique qui me sont très étrangers, et s'il y a bien une composante agréable sur la représentation d'une civilisation antique, je dois dire que cet océan d'art brut baignant dans une mélasse allégorique me laisse perplexe. On est à la limite de l'intelligibilité, encore une fois. J'ai beau avoir beaucoup aimé l'interprétation de Maria Callas (indépendamment de son quasi-mutisme) et quelques séquences-chocs (le démembrement introductif qui sert d'engrais, brrr), il y a une forme d'économie de mots adossée à des logorrhées imbuvables qui me dérange. Archétype de ce qui me laisse perplexe, comme si j'étais contraint de prendre note de mes limites sensorielles, avec des petits bouts de fascination à l'intérieur.
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Créée
le 11 oct. 2023
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