L’utopique démesure de Françis Ford Coppola

Quand un artiste, voulant à tout pris créer, concevoir ce qu’il espère être sa perfection, créer son monument, il sait que, le temps, il devra affronter, la peur, il devra confronter et surtout la volonté, il devra gagner, et c’est à force de dure épreuve, de remise en question et de travail acharné qu’il délivrera son Œuvre

C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le très attendu "Mégalopolis" de l’immense Francis Ford Coppola tant le projet a su se faire attendre ; un projet datant de plus de 40 ans, des sommes astronomiques pour financer le film (une bonne partie venant de Coppola et de sa vente de vigne), un casting gigantesque (Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Giancarlo Esposito, Shia LaBeouf ...), Des tonnes et des tonnes de réécritures d’un scénario de plus de 300 pages, sans oublier le principe même du film : un homme dont l’ambition est de créer un monde parfait, un doux rêve, une Utopie.

Le film ayant plus les allures d’un rêve, d’un fantasme pour le réalisateur Américain, tant avant même sa sortie, le film a une histoire si fascinante qu’elle en fait résonner cette même destruction programmée que Coppola a ultérieurement connu il y a 45 ans avec un certain "Apocalypse Now", cette histoire continuera lors de sa première à Cannes en mai 2024 lorsque les premières Critiques presse assassineront le film tant il semble être une sorte de quasi-miracle que le film existe et semble complètement délaissé les contraintes cinématographiques pour un film personnel, sensoriel, mais surtout fascinant…..

Fascinant, c’est le terme approprié lorsque qu’on sort de la séance de "Mégalopolis" tant le réalisateur est confiant de son projet et sait qu’il ne plaira pas à tout le monde, il est assuré que le film ne deviendra ni une réussite commerciale, ni une réussite critique tant ce projet ambitieux met en évidence notre société, notre civilisation en la confrontant avec la décadence de société romaine antique accentuée par le nombre de références auxquelles le film se rattache (Adam driver se nomme César, Giancarlo Esposito en Cicérone, les jeux de pouvoir, les trahisons, la course dans l’arène, New-York en New Rome, la silhouette de la louve / Romulus et Remus )

Cette thèse dénonciatrice des péchés de l’homme, de ses vices va jusqu'à confronter les thèmes très anciens voir antique comme la pureté, les sentiments, l'amour et des thèmes très modernes voir actuel tels que les scandales sexuels, les vices de l’argent (représente à travers du code QR) ou encore l’idée de l’identité à travers le personnage de Clodus, interpréter par un Shia Laboeuf excentrique, mais juste dans son rôle, rôle traitant du thème de la jalousie et de la trahison, encore une fois des références très romaine.

Malgré son nihilisme affiché envers notre monde moderne, c’est pourtant avec un certain optimisme que Coppola conclut son film par la nature de créer un monde utopique, de prouver que ce n'est pas en répétant notre histoire et notre monde comme le suggère le maire conservateur Franklin Cicerone intéprété par un légendaire Giancarlo Esposito que nous pourrons évoluer, mais en se tournant vers un certain progressisme utile, représenté ici par Cesare Catalina et la fille du maire Julia , interpréter par un Adam Driver extrêmement juste et Nathalie Emmanuel qui tient ici son rôle le plus authentique (au détriment du catastrophique remake "The Killer" par John Woo)

Francis Ford Coppola tient ici à volontairement à mettre en scène un comte, une fable surréaliste avec les bons et les mauvais côtés d'une fable, entre dialogues théâtraux (comme le fait qu'il s'agit d'une histoire racontée par Morphéus en Personne Laurence Finshbune avec lequel on ne comprend pas souvent la volonté de placer ce personnage au centre de l'intrigue), effets spéciaux vieillissants, jeux de certains comédiens à la limite du ridicule , sans oublier certains passages psychédéliques bien ancrée dans la narration comme le pouvoir de Driver de stopper le temps avec seulement un : "Time !...... Stop ! , ainsi le film chute à performer et devenir une grande fresque épique tel "Le Parrain" a une certaine époque révolue.

Il est véritablement difficile de conseiller "Mégalopolis" tant il parait être à la fois une œuvre somme dans la carrière de Coppola, sa volonté étant de raconter notre monde de manières si intelligentes en contrastant avec la Rome antique tout en accentuant sur notre monde de toujours se transformer et ne jamais essayer de revenir vers le passé, mais de toujours progresser vers l’avenir même si elle n’est pas certaine comme le suggère Adam Driver durant son interview avec un journaliste , cependant, comme dit précédemment le film se vautre à pas mal d’instant principalement sur l’esthétique de certaines scènes et son côté égo-trip un peu trop mise en avant (exemple de l'enfant qui se nomme "Françis") qui gâche pas mal de scènes sans oublier les dialogues trop pompeux des personnages fleurtant souvent avec le ridicule.

Il en reste que "Megalopolis" est une œuvre fleuve, une fresque fascinante, un ovni passionnant dans le paysage cinématographique actuelle traitant de la création artistique tout en exposant une thèse sur notre monde et son avenir et achevant sa quête du temps déjà amorcé dans les films ultérieurs du réalisateur de 85 ans, résultant d’un travail acharné par un homme qui a toujours cru en son projet pour en créer non pas son meilleur, mais son œuvre la plus personnelle et testamentaire.

SQUA
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le 25 sept. 2024

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