Francis Ford Coppola fût un grand du cinéma. Parrain d'une apocalypse déjà lointaine, il me régala de de son voyage en Transylvanie, servi par un Keanu Reeves des grands jours.

Mais cette grandeur, qui demeurera malgré tout au frontispice du 7ème art, a fini par s'estomper dans les méandres du temps. Assèchement de l'inspiration ou sénescence inéluctable du cinéaste octogénaire, toujours est-il que l'or qui pare la couleur de sa dernière œuvre en date, Megalopolis, ne suffira certainement pas à redorer son blason terni.

Ce pas dans le vide qu'il tente, à l'instar de son personnage principal à l'entame du film, en élaborant une œuvre personnelle sans contrainte, en suffira pas à suspendre le temps qui passe, inexorable. Le spectateur que je suis a ressenti alors un léger vertige tandis qu'Adam Driver allait choir du sommet du Chryler building... puis l'interminable indigestion a débuté.


L'antique Rome est convoquée de bout en bout, depuis les costumes inspirés des toges patriciennes jusqu'aux plaques minérales gravées qui émaillent l'œuvre, scandées par un chroniqueur empesé, en passant par une statuaire lourde. On trouvera également parfois des répliques ânonnées comme dans le théâtre antique, apportant une couche supplémentaire à une œuvre déjà bien chargée. Ce qui aurait pu donner un côté grandiose devient ridicule car mélangé à une cuisine épaisse, sorte de gâteau bourratif dont les divers ingrédients favorisent la nausée. Parmi ceux-ci se trouve une galerie de personnages dont les pitreries, en particulier celles de Shia LeBoeouf, s'avèrent insupportables. Le scénario saute d'une scène à l'autre, sans fluidité, tandis que les décors s'effondrent sur eux-mêmes, à l'instar de la justice, aveugle, qui choit avec lourdeur. L'étincelle du génie est manifestement absente, en témoignent ces simulacres de réflexion que l'on voudrait donner à moudre au spectateur : qu'est-ce que le temps ? Quelle est la place des créateurs dans la société ? Qu'en est-il de l'émancipation des peuples ? Autant de thématiques dont le souffle potentiel retombe immédiatement, en dépit de l'intention que tente d'insuffler Adam Driver dans ses propos grandiloquents.

L'emphase récurrente des dialogues, la mise en scène chaotique, l'incohérence graphique qui voit la nouvelle cité comme un furoncle sur le fondement de l'ancienne, tout cela a concouru à ne jamais me faire rentrer dans cette histoire absconse.


L'ennui qui m'a saisi dès les premières minutes du film ne m'a jamais quitté ; j'ai passé une partie de la séance a essayer de me rappeler si l'œuvre durait longtemps. L'épilogue est arrivé comme une délivrance, cette orgie de moyens faussement décadente ayant enfin pris fin. A l'instar des civilisations qui finissent par s'effondrer lorsque les peuples ne croient plus en elles, le talent du créateur a fui et nulle muse n'est venue l'alimenter à nouveau.

Apostille
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le 27 sept. 2024

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