Francis Ford Coppola revient avec đđđđđđđđđđđ , un projet mĂ»ri pendant quatre dĂ©cennies, dont le rĂ©sultat est aussi fascinant que dĂ©routant. Ce film, mĂȘlant science-fiction et allusions Ă la Rome antique, oscille constamment entre une ambition dĂ©mesurĂ©e et un chaos visuel. D'un cĂŽtĂ©, on salue l'audace de Coppola, qui se lance dans une Ćuvre radicale et visuellement Ă©poustouflante. De l'autre, le spectateur se perd dans un foisonnement d'idĂ©es parfois mal exĂ©cutĂ©es, laissant une impression mĂȘlĂ©e d'Ă©merveillement et de frustration.
L'intrigue se concentre sur le conflit entre Cesar Catalina, interprĂ©tĂ© par Adam Driver, visionnaire utopiste, et Giancarlo Esposito dans le rĂŽle de Franklin Cicero, maire conservateur de New Rome. Ce duel entre l'ancien et le nouveau est malheureusement desservi par des arcs narratifs incomplets, de trop nombreuses sous intrigues et des personnages sous-exploitĂ©s. Le film jongle avec des rĂ©fĂ©rences historiques et littĂ©raires, mais ces clins d'Ćil semblent souvent destinĂ©s Ă impressionner plutĂŽt qu'Ă enrichir le rĂ©cit.
Visuellement, đđđđđđđđđđđ regorge de moments iconiques, des statues gĂ©antes qui s'effondrent, des paysages urbains dystopiques, des scĂšnes oniriques comme une main qui attrape la lune, et bien d'autres encore. Ces sĂ©quences marquantes tĂ©moignent du talent de Mihai Malaimare Jr, le directeur de la photographie, pour crĂ©er des images puissantes. Cependant, ces Ă©clats de gĂ©nie sont trop souvent entachĂ©s par des expĂ©rimentations visuelles outranciĂšres, parfois maladroites, oĂč l'exubĂ©rance de Coppola semble incontrĂŽlable.
CĂŽtĂ© interprĂ©tation, Adam Driver incarne un Cesar convaincant, dont l'intensitĂ© porte une grande partie du film. Giancarlo Esposito brille Ă©galement en antagoniste charismatique, tandis que Nathalie Emmanuel apporte une touche d'Ă©motion supplĂ©mentaire. En revanche, des acteurs comme Shia LaBeouf ou Jon Voight peinent Ă trouver leur place, leurs personnages Ă©tant grotesques ou insuffisamment dĂ©veloppĂ©s, ce qui alourdit le rĂ©cit. Il y a cette impression que tous les acteurs ne semblent pas jouer dans le mĂȘme film; l'impression que Coppola, en improvisant sur le plateau, a laissĂ© certains de ses acteurs Ă la dĂ©rive.
En dĂ©finitive, đđđđđđđđđđđ est une Ćuvre qui laisse perplexe. Il y a autant Ă admirer qu'Ă critiquer, le film oscillant constamment entre le gĂ©nie et l'Ă©chec. C'est une expĂ©rience cinĂ©matographique audacieuse, qui sĂ©duira par ses moments de grandeur visuelle, mais qui risque de dĂ©cevoir ceux en quĂȘte d'une histoire cohĂ©rente et d'une Ă©motion authentique derriĂšre le spectacle. Coppola nous offre ici un miroir de sa propre dĂ©mesure artistique, pour le meilleur et pour le pire.