Comment passer à côté d’un des films qui a fait le plus parler de lui ces derniers mois ? Entre avis dityrambiques et immenses déceptions / incompréhensions, je me devais d’y aller et de me faire mon propre avis. Alors, qu’est-ce que nous a pondu Coppola ???
Un film énigmatique sans arrêt dans l’interprétation et dans des tirades philosophiques à ralonge.
C’est d’autant plus frustrant que les principes et le fond du film sont vraiment intéressants : une dystopie se déroulant dans le New-York d’aujourd’hui mais avec une empreinte de la Rome antique dans la manière dont la société est régi avec ses riches puissants, ses conspirateurs, ses traîtrises et la malléabilité d’un peuple qui vit d’avantage à travers la vie des autres qu’envers sa propre vie. Les parties les plus intéressantes (à mon ressenti) sont quand on a des scènes faisant ce parallèle là (manipulation politique des masses par le conspirateur avide de pouvoir, mise en spectacle des richesses dans un espèce de Madison Square Garden Colisée. J’ai franchement beaucoup aimé cette vibe.
Le soucis vient plutôt du côté moins tangible du film, c’est à dire tout l’arc autour du grand Architecte (Adam Driver) accompagné de sa protégée / amante (Nathalie Emmanuel). Je ne sais pas si c’est seulement mon ressenti, mais chaque phrase prononcée par l’Architecte est une épreuve philosophique prétentieuse, qui tend à le faire passer pour un gourou. Je n’ai pas arrivé à nouer d’attaches avec ce personnage, qui semble tout sauf humain (il s’auto érige en tant que Dieu vivant, et Coppola le fait passer au premier plan dans sa mise en scène également). C’est beaucoup trop prétentieux pour être appréciable sur plus de 2h de film, trop mégalo (mais n’est-ce pas là le but…?).
Nous pourrons passer rapidement sur la réalisation qui est on ne peut plus classique. Mention spéciale à la scène de bad trip d’Adam Driver qui a le mérité d’offrir un moment à la fois dérangeant mais intéressant visuellement, avec des dégradés de couleur, du sombre, du flash, des gros plans. C’est peut être l’unique moment où j’ai apprécié son personnage (et je précise bien, son personnage). Si vous êtes dotés d’une vue normale comme la mienne, vous aurez remarqué certains bides concernant les effets spéciaux… Avec un tel budget, certes la volonté n’est pas de faire une claque visuelle à la AVATAR mais quand même… ça pique les yeux par moment !
Enfin bref, malheureusement j’ai été (comme beaucoup de gens) très déçu par Mégalopolis. Le film se déchire entre la volonté d’établir un parallèle entre notre société et la Rome antique (peut-être la partie la plus réussie d’ailleurs) et des réflexions philosophiques qui partent dans tous les sens concernant un nouvel Eden où tout le monde pourrait vivre etc etc etc, orchestré par le personnage le plus auto-fellationiste (nouveau mot dans le dico) jamais vu à l’écran. Cela donne un tout assez indigeste.