Pâté en croupe
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Cinq ans après le triomphe critique de La Vie d’Adèle, Abdellatif Kechiche livre de généreux instants de jeunesse avec Mektoub, My Love : Canto Uno, une ode éblouissante à la fraternité et au désir.
Scénariste en devenir et photographe installé à Paris, Amin renoue, le temps d’un été, avec sa province natale dans le sud de la France. Il y retrouve ses parents, des amis de longue date et y rencontre quelques jolies filles, avec qui il passera du temps sur la plage et dans les bars. Voilà pour l’histoire, elle est d’une simplicité élémentaire. Et pourtant, ce petit bout de scénario et ces quelques paysages méditerranéens se retrouvent gonflés à bloc par l’inépuisable puissance de vie du cinéma de Kechiche. Car pendant près de trois heures étourdissantes, le réalisateur s’abandonne à la quintessence de son art naturaliste, à l’exhalation des sens et des corps, dont il capte la sensualité et le mouvement dans un temps réel dont lui seul a le secret.
De dragues en fêtes vont s’esquisser une quinzaine de personnages dont la présence, la beauté et le charisme nous illuminent à chaque plan. La plupart d’entre eux sont des femmes, qu’Amin (évident alter-ego de Kechiche) ne cesse d’observer, de désirer, avouant même à l’une d’entre elles (resplendissante Ophélie Bau) son envie de la photographier nue. D’où l’insolence de la caméra, qui n’hésite pas à mettre en valeur la plastique de ces comédiennes.
Baignée de lumières en contre-jour, gourmande de gros plans, la mise en scène est quasiment haptique, ivre de désir, criante de vérité et d’amour. Vouée à une direction d’acteurs absolument minutieuse, elle nous emporte dans un tourbillon de sentiments et d’hédonisme fou, nous faisant raviver des souvenirs de jeunesse et la sensation des vacances. Mektoub, My Love est un éblouissement. On en ressort empli de joie, avec l’impression d’avoir bronzé pendant tout l’été.
Critique publiée chez Les Brouillons du Cinéma
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le 24 mars 2018
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