Pâté en croupe
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Que dire ?
Quels sont les meilleurs mots pour qualifier ce que je viens de voir ?
Comment rester objective face à cette œuvre, face à cette technique, ce jeu, cette beauté ?
Lorsque l’on me demande mon avis sur le film, je réponds que j’ai voyagé durant trois heures et que le périple en valait le détour. Acclamé par les critiques, attendu par tous, le nouveau Kechiche s’annonçait aussi provoquant que La vie d’Adèle, qualifié de sensuel, d’ode à l’amour, de fresque romantique, de jeunesse merveilleuse, je devais voir, je voulais savoir, comprendre l’émoi qu’il provoquait.
J’y suis donc allée, dans une petite salle d’un petit cinéma d’une petite rue, et seule. Et quel spectacle, quel coup de fouet, un rêve de trois heures, un voyage dans une intimité mise au grand jour.
Une fois plongée dans le noir, l’écran s’illumine et le violon retentit, l’interprétation grandiose de Bach par Yehudi Menuhin fait vibrer les téléspectateurs qui retiennent leur souffle, avertis de la claque magistrale qu’ils vont prendre, le ton est donné, le film commence.
Et quelle entrée en matière ! Impossible d’oublier que Kechiche est derrière la caméra, la scène de sexe au bout de la cinquième minute du film gêne l’assistance aux premiers instants, puis on se détend et on admire, tout est montré, rien n’est caché, on participe aux ébats. Si d’aventure j’avais osé tendre la main, j’aurais senti sous mes doigts la peau tendre d’Ophélie ou la sueur de Tony.
Ces scènes à rallonge, ces longues minutes, toujours pas de cut, on attend puis on comprend qu’il n’y en aura pas, ou peu. C’est ça le cinéma de Kechiche, c’est le vrai, le réel, la vie.
C’était le défi, du réel rien que du réel. Les acteurs sont parfaits, Shaïn Boumédine nous touche bien plus qu’une Adèle Exarchopoulos, illuminé par un sourire candide, et par une justesse de jeu que seul un débutant peu apporter, pas encore marqué par une technique, par le système, il se livre et obéit sans concession à Kechiche qui avoue vouloir le filmer jusqu’à ses 45 ans.
Face à une caméra très curieuse qui se mêle aux corps et s’incruste sous les jupes des filles, Amin le personnage principal, quant à lui reste toujours de côté, un brin voyeur, très observateur, artiste discret, mature ou timoré il reste sobre et ne profite pas des filles. Mais rien ne lui échappe, il sait tout, comprend tout mais ne le dira jamais. C’est en lui que j’ai vu Kechiche, qui d’ailleurs admet cette dimension autobiographique, loin de tous, en-dehors des histoires, confident de confiance, il a dans les mains toutes les vérités mais ne s’en servira jamais.
Pour finir je dirais qu’il faut accorder la miséricorde aux bêtas qui condamneraient Mektoub, my love de malsain, de vulgaire et de profiteur, certes rien n’est dissimulé, le corps des femmes est largement représenté, mis en avant, mais que c’est beau, que c’est cru, les fesses sont joufflues et les joues sont fessues, Ophélie Bau est resplendissante, elle nous ébloui et on en redemanderait presque.
Alors Monsieur Kechiche je vous remercie et vous félicite.
Dans l’attente impatiente du deuxième volet,
Nhabek Abdellatif
Créée
le 30 mars 2018
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