Pâté en croupe
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D'après ce que je vois sur Internet, le réalisateur divise autant qu'il fédère. Le problème c'est que je n'ai vu qu'un seul de ses films, et c'était le fameux La Vie d'Adèle. Il avait fait beaucoup de bruit à sa sortie, et à juste titre. Je l'ai quand même apprécié comme il a été tourné dans ma ville et que j'ai passé un bon moment devant, même si je le trouvais légèrement vain dans sa démarche.
Avec Mektoub, on pourra faire exactement le même reproche. Le cinéaste se contente de suivre les vacances d'une bande de jeunes "tout beau tout propre" à Sète en 1994.
Déjà, je n'ai pas vraiment l'impression que ce choix d'époque change quoi que ce soit au pitch. D'ailleurs j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs expressions et façons de parler des personnages qui ne devaient pas exister dans les années 90. Mais qu'importe, ce n'est pas le propos du film, car il se concentre surtout sur des histoires de cœur. J'avoue que de ce côté, j'ai été plutôt surpris.
Ça commence avec une scène de sexe crue mais qui ne dure pas très longtemps quand on la compare avec celles de La Vie d'Adèle. Au lieu de s'attarder sur l'ébat en lui-même de manière voyeuriste comme il l'aurait certainement fait par le passé, le cinéaste préfère porter toute son attention sur son actrice après l'acte, la filmant sous tous les angles avec une admiration qui transpire à l'écran (la callipyge Ophélie Bau est incroyable). Et c'est ce qu'il va continuer de faire pendant presque trois heures, filmer de jeunes amoureux sous tous les angles et capter le moindre petit geste ou expression en rapport avec leurs histoires de cœur.
En résulte un film où il ne se passe pas grand-chose, avec très peu d'enjeux. Mais c'est là que j'ai été surpris malgré moi, car après cette introduction très rentre-dedans, j'attendais une succession d'ébats amoureux, alors que le personnage principal se pose plutôt en spectateur et laisse les choses se dérouler sous ses yeux sans jamais intervenir. J'ai eu un peu l'impression que le réalisateur se projetait à travers lui en tant que témoin des événements mais jamais en acteur.
Cela peut même devenir frustrant quand on voit la timidité et l'inaction du personnage face à cette troupe d'actrices absolument solaires que Kechiche met en valeur dans le moindre plan. Mais on peut aussi, comme moi, s'y retrouver, en tant qu'adolescent maladroit et passif.
Pour conclure, il est évident que le film ne plaira pas à tout le monde et même que certains vont le détester. Je peux tout à fait le comprendre car si on fait le bilan de ces 2h50, rien de notable n'était à retenir. De mon côté, je ne peux pas dire m'être ennuyé, j'avais plutôt envie de les rejoindre sur la plage, en boîte ou même dans cette bergerie que le personnage arpente dans l'espoir de prendre en photo la naissance d'un agneau. Cette dernière est-elle symbolique d'un renouveau pour le réalisateur ? Réponse dans la suite qui sortira l'année prochaine. En attendant, il y a une maturation certaine par rapport à son précédent film.
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Créée
le 3 déc. 2018
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