Dès les premières images lustrées, vernies, insupportablement accompagnées du prélude à la mort d’Iseult de Wagner, le film se désagrège sous son ambition apprêtée et snob.
Au moins Kubrick proposait-il une vision universelle de l’évolution humaine lorsqu’il utilisait le Zarathoustra de Richard Strauss et non des images plan-plan de mariée déconfite sur fond de fin du monde.
Le tout commence donc dans une lourdeur rarement atteinte. Mais heureusement, la première partie du film contredit l’introduction avec son côté faussement comique et désabusé où les personnages se déchirent dans un mariage qui devient une bouffonnerie réjouissante et une métaphore plutôt subtile de l’idiotie du monde. Kirsten Dunst y est ici parfaite, imprévisible et délicieuse de désespoir.
La suite plus classique, centrée sur la sœur, incarnée par une Charlotte Gainsbourg qui joue depuis 20 ans le même rôle, emprunte aux blockbusters apocalyptiques la tension de la catastrophe imminente et perd ainsi en intérêt ce qu’elle gagne en suspense. Elle permet néanmoins de racheter la supposée misogynie de Lars Von Trier en proposant de jolis portraits de femmes tandis que les hommes ne sont plus que des fantômes apeurés.
Au final, un film souvent trop maniéré mais habité par les fulgurances d’un artiste qu’on aimerait voir revenir à son top-niveau, débarrassé enfin de ses tics de techniciens trop soucieux de provoquer (ou plaire) au plus grand nombre.