Le constat est de plus en plus accablant : Lars Von Trier me fait chier.
Il a du savoir-faire, il suffit de regarder les premiers plans de Melancholia pour s'en convaincre, mais il n'arrive définitivement pas à susciter mon intérêt.
C'est un montreur, et même alors il ne sait pas mener sa barque jusqu'au bout parce qu'il n'assume pas totalement ce statut.
Il veut réaliser des films intellectualisants (je ne dis pas intellectuels) en plus d'être des apothéoses visuelles.
Je ne conteste pas qu'il parvienne à un niveau de perfection dans les œuvres figées du prologue, je concède même sans rechigner que ce soit tout à fait approprié au film, tel qu'il aurait pu/dû être.
Ce qui m'a profondément dérangé, c'est l'interlude du mariage.
Ce qui m'a gravement fait "sortir", c'est l'enjeu, démesuré.
Et l'association des deux.
Je comprends tout à fait la portée métaphorique de l'ensemble.
Je crois sans mal qu'il recherchait la dichotomie entre la futilité des querelles et le destin funeste qui menace le microcosme déroulé devant nos yeux, en même temps que la planète dans son ensemble.
Je reconnais volontiers qu'il a probablement voulu observer le microscopique pour appréhender le macroscopique.
Et, sans démagogie aucune, je peux facilement concevoir pourquoi ça a plu à beaucoup des membres du site, et de mes éclaireurs.
Mais de mon côté, ça m'a empêché de me sentir concerné.
Je pense même sincèrement que j'aurais pu mettre de côté l'aversion que j'ai pour Gainsbourg qui est, incontestablement, bien moins mauvaise et insupportable qu'à l'accoutumée.
J'ai en revanche beaucoup plus de mal à passer sous silence la superficialité de certains personnages, au premier rang desquels Charlotte Rampling et John Hurt, une nouvelle fois réduits à leur portion congrue et pour mon plus grand désespoir. Je désespère de cette sous-utilisation de tels acteurs.
Et puis bien sûr, comment ne pas en parler, la somptueuse Kirsten Dunst livre une prestation impeccable, digne et impliquée, méritant tous les compliments et les récompenses qu'elle a reçu.
Mais au service de quoi ?
Un personnage qui se veut attachant, touchant, mais qui a une facette antipathique franchement malvenue.
En un sens je comprends qu'elle se débat comme un poisson hors de l'eau, suffoquant sous les responsabilités et ces émotions qui la submergent sans qu'elle en connaisse la cause, quasi-métaphysique.
Mais cela ne peut pas totalement effacer ses côtés enfant gâtée, ado instable. Et on a du mal à en attribuer toute la faute à des problèmes psychologiques.
Et puis alors, ce contraste soudain avec l'hystérie de Gainsbourg dans le second acte.
À l'apathie de Kirsten succède une certaine forme de sagesse qui vient tempérer sa soeur.
L'apaisement à l'approche de la catastrophe, alors même qu'elle en réalise relativement tard toute l'ampleur.
Source de chaos tout d'abord, caution de sérénité ensuite, dans une transition parfaitement incroyable.
D'autant qu'une fois passées les fameuses scènes d'introduction, niveau technique tout se relâche également, pour se mettre au diapason de l'instabilité ambiante sans doute.
Ça m'a saoulé, cette caméra à l'épaule permanente.
C'est ça que je pointais du doigt en introduction. POURQUOI rechercher cette "patte" indé, là où il a su faire montre d'un talent indéniable lorsqu'il s'en tient à l'académique.
J'ai, comme ça arrive très, trop souvent, repensé à la merveilleuse ligne de @mikeopuvty : "Le trépied est une invention du Diable."
Mais MERDE à la fin, non quoi.