Marcel vient dîner chez Pierre, son vieil ami de conservatoire qu’il n’avait pas vu depuis de longues années. Il rencontre au passage Romaine, la femme de ce dernier au caractère unique et exubérant. Le film débute à la fin du dîner, l’alcool et le faste du dîner permettant progressivement de délier les langues et les esprits.Le film est adapté d’une pièce de Bernstein et s’ouvre, à l’instar d’une pièce de théâtre, sur cette longue séquence de dîner en dévoilant une forme plastique très étonnante. Le cadre théâtral de la scène se confronte rapidement au cinématographe et à la cinétique qui lui incombe si bien que le texte, magnifiquement interprète par un trio d’acteurs excellents, est transcendé par une mise en scène de cinéma. Les champs/contre-champs et les gros plans produisent un effet fort, ils prolongent l’intensité dramatique du jeu d’acteur tout en créant un nouveau cadre dans le cadre, le cinéma prenant le relais du théâtre et inversement. Cette séquence tout bonnement époustouflante montre une nouvelle fois qu’Alain Resnais est le grand créateur de formes du cinéma français.Bien que la suite du film n’atteigne jamais la maestria de cette séquence d’ouverture, « MÉLO » est un remarquable film expérimental, qui tente de toucher au plus près à ce qu’est le mélodrame, le récit du tragique pur.