Ben Stiller, l'enfant de la balle !
L'œil tourné vers et la main que je tendis vers Dodgeball, Ballon-chasseur : une vraie histoire de sous-estimés pour ces farceurs de québécois, sont au départ le fruit de la volonté de "se la donner" entre potes, comme disent les anciens jeunes, qui ne le sont donc plus trop, ou parfois encore dans leur tête, alors que certains jeunes d'aujourd'hui sont déjà vieux... Mais revenons en à Dodgeball, film que j'aurai placé dans le tiroir "navet lourdeau" si je n'étais pas pur ouverture, tout comme feu le premier gouvernement Fillon, qui depuis lors s'est recroquevillé dans un schéma étriqué à l'image de ces vieux bougons errant sur l'internet 2.0.
Pour pénétrer le mode merveilleux des niveaux de lecture multiples et du nième degré, la bière avait coulé à flots.
Quelle fut ma surprise que de découvrir la véritable nature du ballon chasseur : un honnête divertissement. Oui, Dodgeball roule sa bosse avec sympathie et emporte toute retenue sur son passage grâce à un humour potache et beta irrésistible.
L'intrigue, bateau comme Le France, est un simple fil pour exhiber toutes les idées idiotes mais décisives de Ben Stiler : découvrir l'envers du décor moite et bandé des salles de gym, découvrir un jeu pas comme les autres : le Dodgeball ou la balle au prisonnier, bien connue nos doyens.
Le long de cette ballade potache, les scènes d'anthologie s'accumulent. Pêle-mêle, citons le spot publicitaire sous hormones de GloboGym, le tutoriel vidéo du Dodgeball ou encore l'entretien de White Goodman avec la bonnasse Kate Veach dans son bureau du FMI...
En fait, deux ressorts comiques se partagent le terrain de jeu.
Une joie enfantine et immédiate est stimulée par le spectacle sain de l'encaissement d'une action douloureuse par l'un des acteurs : balle reçue en pleine poire, chute lourde, clé à molette dans le coude, voiture percutée... et j'en passe. Qu'il est bon de voir les autres en prendre plein la gueule !
"we understand that ugliness and fatness are genetic disorders, much like baldness or necrophilia"
L'autre ressort est l'énorme Ben Stiler. Il campe White Goodman, un self-made man arrogant et beauf qui repousse très loin les frontières de l'intolérable crétinerie. Cet énergumène s'est hissé grâce à une énergie et une rage de vaincre peu communes, et malgré des abîmes d'idiotie. Son exubérance, sa bêtise crasse, son allure risible tapent justes et offrent un rire gras renouvelé.
Seul point noir, la qualité de Dodgeball m'aura poussé à découvrir également l'insondable Zoolander et la rasoir Tempêtes sous les tropiques, spectacles dispensables. Alors contentez-vous du seul film approuvé par Chuck Norris !