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Mémoires d’un escargot
7.6
Mémoires d’un escargot

Long-métrage d'animation de Adam Elliot (2024)

Grace et Gilbert sont jumeaux. Leur mère est morte en les mettant au monde.

Ils vivent avec leur père. Grace est souvent victime de moqueries de la part de ses camarades de classe et Gilbert est toujours là pour venir à sa rescousse quitte à se prendre de bonnes raclées. Les deux enfants, toujours un livre à la main (nous voyons les titres, c'est un régal) sont des lecteurs acharnés. Grace collectionne les escargots qu'elle chérit comme des animaux domestiques.

A la mort de leur père alcoolique, les deux enfants sont séparés par les services sociaux (ces anges de douceur) qui les envoient dans des familles d'accueil aux deux extrémités du pays (l'Australie). Pour Grace qui est constamment harcelée en classe et tombe dans une famille qui ne se préoccupe pas d'elle, les seuls moments de joie sont les lettres de son frère. Gilbert quant à lui est confié à une famille d'illuminés religieux intégristes dont le quotidien ressemble à celui d'une secte qui va exercer sa violence sur Gilbert. Ce dernier n'a qu'une idée en tête rejoindre sa soeur et Grace de l'attendre.

Grace va avoir la chance dans sa détresse de rencontrer Pinky une octogénaire excentrique aux lunettes rouges démesurées qui semble avoir vécu mille vies. La vieille dame va mettre un peu de joie et d'insouciance dans l'existence triste et solitaire de la petite fille et lui souffler un étrange Rosebub en forme de patate en rendant son dernier souffle (je ne spoile rien, c'est la première scène).

Mais la vie, les évènements ne vont faire que s'accumuler sur Grace qui s'enfonce dans le désespoir et la dépression.

Adam Elliot nous avait déjà brisé le coeur avec son magnifique et douloureux Mary et Max. Il en remet une couche (pardonnez l'expression) avec l'histoire de ces deux enfants craquants, tellement doux et terriblement attachants, cruellement séparés par une administration sans coeur ni bon sens ni discernement (les mêmes choses se passent en France, on sépare les fratries... je connais exactement ce cas de deux bébés jumeaux de 18 mois, collés l'un à l'autre depuis la naissance, adoptés par deux familles différentes et là je me demande qui de l'administration ou des adoptants sont les plus cruels, fin de la parenthèse).

Le film a obtenu le prestigieux Cristal au festival du film d’animation d’Annecy et on le comprend mais il n'est pour autant pas destiné aux enfants les plus jeunes. L'alcoolisme, le deuil, la séparation, la solitude, la masturbation, le fanatisme religieux, la dépression, le fétichisme... tous ces thèmes abordés et qui entourent un seul et même personnage, c'est beaucoup et la surcharge d'épreuves et de désespoir pourraient paraître excessive. Elle l'est bien sûr mais pourtant jamais le film ne tombe dans le pathos et c'est assez miraculeux. Cela tient au fait que même au plus profond du désespoir, surgissent parfois des moments, des micros évènements, des rencontres qui illuminent quelques instants. Et des escargots... Mais aussi à la beauté de cette animation en stop motion et pâte à modeler et des images de toute beauté.

Le générique de début permet de découvrir tous les objets qui ont été utilisés pour la réalisation. C'est un bonheur de les voir s'animer et de découvrir cette gamme de tons qui pourraient paraître terne mais s'avère, en mouvement, lumineuse, pleine de contrastes et il faudrait voir et revoir le film pour découvrir tous les merveilleux objets qui peuplent, encombrent le bric à brac de ce travail colossal :

- chaque accessoire, chaque élément de décor, chaque personnage est fabriqué à la main,

- un an pour concevoir les 7000 objets nécessaires au projet,

- cinq mois pour que le réalisateur dessine à la main les 1600 vignettes du storyboard,

- 200 personnages fabriqués à la main,

- 200 décors et des milliers d’accessoires fabriqués

- 33 semaines de tournage,

- 135 000 prises de vue réalisées.

On comprend l'ampleur considérable de la tâche mais on espère qu'Adam Elliot ne prenne pas de nouveau quinze années avant de revenir nous éblouir et nous déchirer le coeur.

LaRouteDuCinema
8
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il y a 5 jours

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