Amour et Amnésie !
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C'est l'histoire de deux êtres qui dérivent, tels des icebergs détachés d'un monde brutal qui les a lancés, dans le fracas d'une fracture, sur une lente trajectoire mortifère. Sous la surface de leurs fêlures apparentes (à lui, la démence, à elle, les traumas d'une adolescence abusée) grondent des blessures plus anciennes encore, plus terribles aussi. Alourdis par cette part intolérable qui les constitue, ils se rencontrent pourtant, aimantés comme le sont les grandes douleurs. Choc des masses invisibles, aussi confus que leur inéluctable fusion. Lentement, les glaces s'embrassent et se soudent. Ensemble, les voilà désormais plus forts, malgré leur nouvel équilibre précaire, pour continuer à flotter dans les mouvements contraires des eaux sombres qui les charrient et menacent sans cesse de les renverser.
Michel Franco orchestre ce ballet chaotique et humide (la pluie, les larmes, le bain de l'affiche) avec une délicatesse infinie et un sens remarquable de l'épure. Il approche ses personnages comme il filme New-York : sans glamour ni artifice, abordant la périphérie pour mieux viser le cœur. Les visages sont démaquillés, la photographie profonde et laiteuse, et le cadrage maintient toujours la pudeur, tandis que l'étirement statique de certaines scènes emmène l'émotion vers une frontalité plus théâtrale, comme pour exacerber la violence des confrontations - un tête à tête dans un parc, une réunion de famille sur le pas de la porte.
Au centre de toutes les attentions, saturés de précautions toxiques, Sylvia et Saul, interprétés par deux acteurs en état de grâce - dont Peter Sarsgaard, très justement récompensé pour son incarnation totale. Leur élan, dans un plan final merveilleusement dialogué à l'essentiel, restera à coup sûr comme l'une des plus belles émotions cinématographiques de l'année.
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Créée
le 9 juin 2024
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