Memory
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Film de Michel Franco (2023)

Eh ben, voilà, Michel Franco fait son entrée, par l'intermédiaire de ce film, dans ma cinéphilie et vient rejoindre ma liste de cinéastes à creuser absolument. Généralement, je n'y mets uniquement que les noms de celles et ceux qui me paraissent dignes d'intérêt après, au moins, un essai réussi. C'est le cas, bien sûr, avec ce Memory, tout en délicatesse et subtilité.


Autant le dire tout de suite, Jessica Chastain et Peter Sarsgaard sont impeccables (comme tout le reste du casting d'ailleurs... mention spéciale à Jessica Harper... il me semblait bien que son visage me disait quelque chose... en génitrice pernicieuse à gerber, malheureusement d'une grande vraisemblance, et autre mention spéciale à Brooke Timber dans un rôle que je vais mentionner plus loin !). La première joue une ancienne alcoolique, ne voulant surtout pas replonger, dont on devine très vite (oui, deviner, car Franco a compris la valeur du bon vieil adage : "show, don't tell!" ) qu'elle porte un lourd traumatisme lié à un ou plusieurs homme(s). Le second incarne un quinquagénaire atteint de démence, capable de retenir des faits, le concernant, s'étant déroulé il y a longtemps, mais avec une mémoire à court terme déficiente. Chacun, d'une manière diamétralement opposée, est détruit par ce qui est lié à la mémoire. Malgré des proches attentionnés, ce sont deux solitudes qui se rencontrent et qui vont, en dépit des obstacles, aussi bien intérieurs qu'extérieurs, apprendre à se connaître et à plus que s'apprécier.


Comme je l'ai suggéré plus haut, le tout ne s'englue pas dans les lourdeurs. Quand il y a conflit, ça doit bien exploser à un moment ou à un autre, mais sans exagération, quasi tout le temps avec une retenue qui injecte une grande crédibilité dans les interactions. Ce qui fait que ne rendre encore plus impactant et plus puissant la seule exception (pleinement justifiée, scénaristiquement et humainement !). Ce qui veut dire que, contrairement à certains cinéastes à deux balles, Michel Franco ne nous transforme pas en Troisième Guerre mondiale la plus petite contrariété, le plus petit incident.


Et dans cette optique, qu'est-ce que ça fait du bien de voir un personnage d'adolescente (oui, celui qui est joué par Timber !), à savoir la fille du protagoniste féminin, ne tombant pas dans le stéréotype de l'être forcément immature et égoïste, toujours à la ramasse pour saisir les choses ou n'en ayant rien à foutre (je précise que je n'énonce pas le fait que ce type de profil n'existe pas, mais juste qu'on a l'impression qu'il n'existe, au cinéma, que ce type de profil !). Non, on a affaire à une jeune fille qui comprend très vite, sachant agir en conséquence, qui est soucieuse du bien-être de sa mère, qui fait tout pour que cette dernière soit heureuse (et c'est réciproque, évidemment !). Oui, on s'attache à elle aussi.


La mise en scène, quant à elle, est simple dans sa forme. C'est une qualité, car ce que je veux souligner par cet adjectif, c'est que les décors (ne sentant pas du tout le studio !), les costumes (que l'on pourrait acheter dans n'importe quelle enseigne bon marché !), toute une multitude de détails (comme le fait que Jessica Chastain ne porte pas le moindre maquillage... mettant en avant que son personnage ne veut pas séduire, ne veut pas être remarqué !) qui pourraient faire partie de notre quotidien, à nous mortels moyens, achèvent de porter une grande vérité au film, à cette histoire dans laquelle l'amour peut tout transcender.


C'est même à regret que j'ai fini par quitter ce duo de caractères... voire trio (étant donné que je n'ai pas envie de mettre la fille à l'écart !)... en espérant le meilleur du meilleur pour eux.

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le 29 mai 2024

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Plume231

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