Dernier né dans la filmographie d’Anders Thomas Jensen, son nouveau film semble de prime à bord totalement similaire à ses autres long-métrages (en tout cas « Les bouchers verts » et « Adam’s Apple » (pas encore vu Lumières dansantes).


Plus simple dans son propos mais plus efficace dans son scénario et sa mise en scène, ce Men & Chicken ressemble enfin à ce que je rêvais de voir de la part de ce réalisateur danois. Ses deux précédents films avaient le même souci : après un postulat de départ intéressant, ces films s’y complaisait et n’allait jamais plus loin que leur principe, et avaient tendance à se noyer légèrement dans les métaphores ou dans des réactions de personnages ridicules. Avec un final au bord de la niaiserie dans les deux cas. Et globalement, ça tournait rapidement en rond.


Dans ce nouveau film, ATJ semble plus distant avec ses personnages. Plutôt que de les comprendre et d’y mettre sa part de personnalité (ce qui donnait peut-être le côté niais des deux précédents), il a enfin décidé de les écrire et de ne pas trop les intellectualiser.


C’est enfin le scénario qui sert le propos, et pas seulement les personnages.


Et puis, dedans, il y a Mads Mikkelsen. MADS putain de MIKKELSEN. C’est tout de même rigolo de voir comment le seul acteur danois mondialement connu, après avoir enchainé les blockbusters au mieux bon (Casino Royale) mais bien souvent complètement mauvais (Les Trois Mousquetaires, Le choc des Titans), arrive bien souvent à revenir devant la caméra des gens qu’il l’ont révélé pour jouer dans des rôles beaucoup moins populaire, et pas seulement chez Nicolas Winding Refn.


Son rôle de boulet socialement borderline qu’il campe au côté de son psychanalyste de frère joué par David Dencik lui va à ravir. Il n’a jamais paru aussi inquiétant mais en même temps attachant. Rôle qui permet de relier les deux façons de penser qui sont confrontés dans ce film.


C’est d’ailleurs autour du personnage que David Dencik que va se dérouler le scénario et les intrigues, étant le personnage le plus « normal et socialement acceptable » du film.


Scénario racontant la vie d’une fratrie de freaks sur une île reculée, fratrie rejetée par la petite société qui vit sur ce bout de terre. Et de voir comment l’arrivée de personnages « normaux » dans ce cercle familial va bousculer les repères moraux et révéler les secret de chacun.


Le reste de la fratrie est joué par des acteurs habitués des productions danoises au faciès reconnaissable et buriné (avec option bec-de-lièvre). Chaque frère réussi à avoir une personnalité défini et chacun trouve sa place dans le scénario afin de faire évoluer la moralité du personnage principal.
Le ton du film conserve l’humour typique des comédies danoises : le cynisme et l’humour noir en tête de peloton mais réussi surtout à le garder jusqu'à la fin dans une conclusion glaçante à la fois malsaine et en même temps heureuse.


Un film au final sur le thème de la tolérance, mais sans jamais verser dans le pathos ou les clichés habituels.


Et c’est ça la grande force de ATJ dans ce film : mettre un coup de pied dans la morale, et réussir à créer de l’empathie pour des personnages malsain et déviants. Ou comment prouver que n’importe quelle personne peut rechercher le bonheur, même au delà de toute morale et conventions.

SylvainL1
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le 22 avr. 2016

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SylvainL1

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