Lorsque j’ai appris qu’un film était en préparation sur les coulisses du mercato et le monde des agents dans le football, j’étais impatient. Lorsque j’ai vu la bande-annonce, mon attente a quelque peu diminué.
Mercato demeure sympathique mais pêche par sa volonté d’être un thriller haletant sans parvenir à l’être, et par son ambition de tenir un propos sur le monde du foot, où règne l’argent, sans vraiment savoir quoi dire.
Jamel Debbouze est étonnant dans le rôle d’un agent de joueurs qui doit absolument boucler une affaire avant la fin du mercato, dans quelques jours. À l’image de ce choix, le reste du casting est audacieux, puisqu’il ne se contente pas d’une simple pléiade de talents : on retrouve Milo Machado Graner, aperçu dans Anatomie d’une chute, Hakim Jemili, Birane Ba vu dans Je verrai toujours vos visages, ainsi que Mamadou Sakho et Kalash, qui incarne un rappeur. Une vedette de télé-réalité joue également une influenceuse. Il y a aussi un jeune acteur qui semble extrêmement doué au football, ce qui est rare dans un film sur ce sport. Le casting est l’un des points forts du film.
Le sujet représente pour moi l’intérêt majeur de Mercato. Le cinéma français a souvent tendance à traiter le football sous un angle comique, mais ici, le ton est sérieux. On propose une immersion dans le quotidien et la pression des agents de joueurs, en explorant les coulisses des transferts et des négociations entre clubs. Hélas, sur cet aspect, je reste sur ma faim. La thématique du football est très présente, mais les amateurs de ballon rond n’en apprendront pas beaucoup plus sur le mercato qu’en jouant au Monopoly.
Les sujets abordés sont variés : la pression, le vieillissement des joueurs, l’hégémonie financière des milliardaires du Golfe Persique… On ressent des influences réelles qui évoquent l’affaire Pogba, la trajectoire de Ben Arfa ou encore celle de Benzema. Cependant, l’immersion réaliste s’efface trop souvent au profit d’autres thématiques, comme la relation avec son fils ou des chantages financiers, qui forcent artificiellement le film vers le thriller alors que son sujet se suffisait à lui-même. De plus, la musique, qui cherche à générer du suspense à tout prix, devient épuisante.
On comprend que les agents doivent vendre des joueurs, négocier ds contrats, enchaîner les vols en avion et gérer la pression du compte à rebours du mercato… alors pourquoi avoir ajouté une intrigue avec deux loubards cherchant à extorquer de l’argent ? Cette surenchère nuit à l'immersion. Comme dans l’histoire de Souleymane, parfois, les enjeux du film et du sujet traité se suffisent à eux-mêmes.
Cela attirera peut-être un public qui ne s’intéresse pas au football, mais j’en doute. Je déconseille ce film aux personnes qui ne suivent pas le monde du ballon rond.
De plus, la relation entre Driss et son fils semble vouloir dénoncer un football rongé par l’argent, mais l’ensemble reste brouillon. À coups de grandes tirades sur le football-business au service du capitalisme, comparé à de l’esclavage, ou de descriptions de la sublime reprise de volée de « Zizou Christ », Mercato veut dire quelque chose… mais ne sait ni quoi ni comment.
Malgré tout, le film reste sympathique et bénéficie d’une belle réalisation. La bande-annonce laissait présager le pire, mais le résultat est finalement meilleur que prévu, sans être étincelant. Il y avait mieux à faire sur ce sujet, c’est une certitude, mais cela reste un film plaisant. Je vous le recommande si vous aimez le football et Jamel Debbouze… et si vous n’êtes pas écolo.