"Merci la Vie" restera peut-être comme le meilleur film de Blier, malgré des maladresses et l'irritation que l'on peut commencer à ressentir devant certains tics formalistes : en utilisant sans remords la rupture (de ton, de genre, d'époque, de couleurs, de musique, d'interprètes - hormis Charlotte Gainsbourg et Anouk Grinberg, toutes deux excellentes), Bertrand Blier produit quelque chose de cohérent et marquant et surtout d'ambitieux. Peindre les sentiments, la vie, l'amour, la mort, jouer à la reconstitution historique, la fiction reconstituant la réalité, mélanger les temps,... ce cinéma - plus que jamais anarchiste de droite - se permet tout, au risque du ridicule et - sans doute plus grave - du contresens (la vision du sida n'est pas des plus heureuses...). Ce n'est pas sa moindre qualité. [Critique écrite en 1991]