⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Mercuriales
6.7
Mercuriales

Film de Virgil Vernier (2014)

Après le remarqué Orléans, le réalisateur français Virgil Vernier explore le format long avec ses Mercuriales, du nom des tours jumelles de Bagnolet, figures d’illumination d’un film à la poétique psychogéographique.


Deux filles nées sous la Tour du Ponant, à la gémellité et à l’affection électives, errent chez Vernier comme dans une banlieue en friche, à la recherche d’un territoire limite, qu’elles investissent de leur chair et de leurs rêves. Leur ennui est celui d’une contemplation, d’un exercice de pure digestion du réel qu’il s’agit de déconstruire à grands coups de mythes, qu’ils soient slaves ou romains, pour mieux le créer. Le réalisateur devient alors l’exact pendant de l’engin fou qui dans un plan surréaliste, éclairé d’une lune complice, abat méthodiquement un mur, mu par une volonté étrange.

Sa démarche de poësis, à l’instar d’un Apollinaire, passe par un double mouvement : déconstruction et réassemblage ; Le factuel, le trivial sont déjà depuis longtemps ensevelis sous les décombres quand émergent de l’image de nouvelles vérités, une nouvelle lumière sur des objets antiques et modernes cent fois parcourus, loin, très loin du motif réaliste qui régit par exemple la « vraie » banlieue de Céline Sciamma et de sa bande de filles. Le geste en lui-même est donc fort et manifeste mais le film est plus encore que la simple réalisation du concept.
Dans sa recomposition du réel, Vernier a bouleversé les objets de son regard désiratif, hybridant ainsi les Tours et les jeunes filles, à la manière des Parques entremêlant les fils du destin, figures évoquées par le jeu de tarot. Le paysage urbain se reconstruit par la psyché et le sentiment qui lui donnent ce sens, cette modernité éternelle auxquels il n’aurait jamais pu accéder. Les Mercuriales dans la nuit francilienne ont désormais une puissance d’évocation, conférée par ce film qui les érige à nouveau.


« Claude Lorrain est psychogéographique dans la mise en présence d’un quartier de palais et de la mer » écrivait Guy-Ernest Debord dans Potlatch. Virgile Vernier en est un digne héritier.

Corentin_D
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2014

Créée

le 17 mai 2015

Critique lue 283 fois

C DD

Écrit par

Critique lue 283 fois

D'autres avis sur Mercuriales

Mercuriales
Nwazayte
8

Mystique urbaine

Booaaah, rien ne te prépare à Mercuriales, j'te jure. J'sais pas, quand on pense à film sur la banlieue, on peut penser à beaucoup de choses. De Bande de filles et son imagerie world cinema, aux...

le 14 déc. 2014

13 j'aime

Mercuriales
Seventies7arts
10

L’ARCHÉOLOGIE DU FUTUR

Comme pour les précédents films de Virgil Vernier, tout part d’un lieu, que cela soit Orléans, son dernier moyen métrage (où se dessinait déjà les contours de Mercuriales) ou encore Andorre, son...

le 13 janv. 2015

7 j'aime

1

Mercuriales
Moizi
7

Fin de civilisation

Premier film que je vois de Virgil Vernier et je dois dire que je suis assez surpris, je ne m'attendais absolument pas à ça. C'est un film fascinant, tout ne fonctionne pas, parfois il est un peu...

le 3 avr. 2019

5 j'aime

Du même critique

La Captive
Corentin_D
9

L'origine du monde

La Prisonnière, passant du livre à la pellicule, est devenue Captive. Et si certains films étouffent de leur héritage littéraire, Chantal Akerman a su restituer et utiliser la puissance évocatrice...

Par

le 18 mai 2015

20 j'aime

1

Nocturama
Corentin_D
5

Comme d'habitude

Entre les rames, quelque chose se trame. La marche semble aléatoire, la démarche beaucoup moins : en silence, des jeunes s’infiltrent dans le métro parisien, déambulent le visage grave et décidé, ...

Par

le 16 juil. 2016

18 j'aime

2

Sophia Antipolis
Corentin_D
7

Terres brûlées

Après le paradis consumériste d’Andorre (2013) et les tours jumelles de Mercuriales (2014), la caméra de Virgile Vernier scrute un nouveau front pionnier, Sophia Antipolis, technopole en forme...

Par

le 6 nov. 2018

17 j'aime

2