Ce qui compte, on le sait, c'est moins ce qu'on nous raconte que la manière dont on nous le raconte. La littérature a déjà tout dit, le cinéma est là pour dire autrement. Ce n'est qu'en tirant profit de sa singularité que le septième art mérite d'être appelé ainsi. Le parti pris de Mère et fils est clair et assumé. La caméra portée est au plus près des acteurs, le vérisme revendiqué.
Calin Peter Netzer semble vouloir dresser le portrait de son pays, par le prisme d'un récit œdipien mettant en scène une bourgeoise roumaine bling-bling et son fils quasi castré, responsable d'un accident de la route mortel. La victime est le fils adolescent d'une famille beaucoup plus modeste. On comprend ensuite qu'ici, comme presque partout ailleurs, tout peut s'acheter, mais pas la douleur.
La caméra portée est très rapidement épuisante. On aimerait que le réalisateur la pose, compose un cadre, et cherche vraiment à intéresser le spectateur. Au final le fils est plus insupportable que sa mère, seule la belle fille nous touche un peu, mais on n'arrive jamais vraiment à partager les tourments des uns et des autres.
Les scènes sont bien souvent trop longues, le pathos pas toujours évité, et mis à part une toute dernière scène intéressante, la mise en scène ne parvient jamais à se dépêtrer d'un parti pris filmique qui se retourne contre le film lui-même.
Si les deux actrices principales sont excellentes, l'interprète du fils n'est que très vaguement expressif. Malgré son évidente sincérité, on ne comprend pas vraiment pourquoi ce film étriqué a obtenu l'Ours d'Or.