Ce sujet tout simple de Marcel Pagnol fait un film court, qu'on jugerait plutôt anecdotique si l'auteur n'y invoquait pas le sacerdoce de l'enseignant qu'il fut. Rompant avec la comédie méridionale -même si l'accent du Sud subsiste avec Rellys notamment- Pagnol met en scène un petit groupe d'élèves disparates contraints, à la veille des vacances de Noël, de rester au pensionnat puisque leurs parents n'ont pas cru bon de les rappeler. Un professeur, Monsieur Blanchard, est commis à leur surveillance.
Surnommé Merlusse par les élèves,
parce qu'il exhalerait une odeur de morue,
le professeur Blanchard est le mal-aimé de l'institution pour son caractère grognon, son physique ingrat et son apparence sévère. Mais, sous la carapace, Merlusse se révèle un brave homme.
Précisément, la comédie et le personnage joué par Henri Poupon sont un hommage à la vocation, à l'attachement au métier d'enseignant, indissociable de celui voué aux enfants. "Merlusse", plus prosaïque que le singulier "Zéro de conduite" de Jean Vigo tourné deux ans auparavant, porte d'ailleurs un regard convenu sur l'enfant et l'élève, cancre ou pas, entre candeur et espièglerie.
Au regard, de la filmographie de Pagnol, "Merlusse" est un film mineur à la sincérité et à la modestie revendiquées.