Un petit miracle de cinéma qui ne s'explique pas mais dont la magie nous emporte du début à la fin.

Parfois le cinéma nous gratifie de petits films sortis de nulle part et qui ont l’étoffe des grands. De ceux qui vous étreignent dès les premières minutes pour ne plus vous lâcher que lorsque le générique de fin arrive, voire vous hantent encore un peu après. Des petits miracles de cinéma en somme, humbles, simples, lumineux et qu’on ne voit pas venir. Yohan Manca aime ses personnages, cette magnifique fratrie qui nous montre la banlieue avec un visage un peu moins misérabiliste ou négatif qu’à l’accoutumée. Alors tout n’y est pas rose certes, mais il parvient à déjouer tous les clichés inhérents à celle-ci telles que la délinquance, la pauvreté ou encore la violence en la présentant sous d’autres aspects un peu plus positifs. « Mes frères et moi » est un petit bijou solaire et chaleureux qui donne un peu d’espoir et de baume au cœur tout en allant à l’encontre de ce qu’on a l’habitude de voir sur le sujet.


On pense un peu à une œuvre du même acabit devenue célèbre et culte il y a vingt-cinq ans : « Billy Elliott ». Mais en lieu et place de la danse classique, c’est à l’opéra que le jeune protagoniste principal de ce film va s’intéresser. Le mélange entre la banlieue et l’art (ici le chant lyrique donc) fonctionne à merveille dans ce récit d’apprentissage même s’il n’est ici pas l’enjeu central du film, juste l’une de ses intrigues. Cela donne lieu à quelques traits d’humour bien sentis, ce type d’activité n’étant pas vraiment la panacée en banlieue, mais aussi à de jolis moments de grâce par le biais de la confrontation sincère entre cet enfant et la professeure de chant jouée par une Judith Chemla. Celle-ci est bien plus à sa place et juste ici que lors de sa tirade pompeuse d’avocate féministe dans le récent « Les Choses humaines ». Mais l’actrice n’est pas la seule à se parer des honneurs, les interprètes des quatre frères étant tout aussi bons dans leurs rôles respectifs. Naturels au possible, ils s’imprègnent parfaitement des nuances de rôles bien écrits ne répondant pas à des étiquettes trop unidimensionnelles.


Avec « Mes frères et moi », il ne faut pas d’attendre à des moments fondamentalement extraordinaires mais plus à une succession de séquences simples et belles dont l’assemblage confine à la perfection. Certaines d’entre elles vous touchent, d’autres vous amusent et vous donnent le sourire quand certaines encore vous déchirent le cœur. Il y en a de l’émotion dans ce film, mais sans que ce soit pesant ou véritablement dramatique. On peut aussi le voir comme l’album de souvenirs de l’été d’un gamin, avec ce que cela implique de nostalgie. Sans forcer, tout fonctionne dans cette œuvre qui a tout des grandes. On passe donc un excellent moment fait de petits riens, le genre de long-métrage qui vous ravit à chaque instant avec peu de moyens. Et le plus beau dans tout cela? C’est un premier film! Inutile de dire que l’on attend la suite avec impatience pour Yohan Manca, mais il ne faut cependant louper sous aucun prétexte cette magnifique parenthèse enchantée.


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JorikVesperhaven
8

Créée

le 18 janv. 2022

Critique lue 424 fois

3 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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