Si l'on se souvient de Jacques Mesrine, c'est parce qu'il est un peu notre gangster national, notre Scarface à nous. Une étrange fierté d'un criminel qui vouera respect et admiration par une majorité de nos parents. Mais si notre génération a eu vent de l'Homme aux mille visages, c'est grâce au populaire diptyque de Jean-François Richet sortit en 2008. Une saga en deux parties qui aura su mêler biopic et polar, pour un film haletant et surprenant. Mais avant ceci, il y eu un premier film consacré au bonhomme en 1984, soit 5 ans après son 'exécution' à la Porte de Clignancourt, à Paris.
Ayant écrit sa célèbre autobiographie "L'instinct de mort" en 1977, lorsqu'il fut détenu dans les quartiers de haute sécurité de la Santé et de Fleury-Mérogis, Jacadi a dit qu'il refusait catégoriquement l'adaptation de son bouquin. C'est pour ça, que nous avons un résumé si furtif, et ridicule, des événements précédents son évasion. Nous allons donc suivre Jacques pour qui la Santé n'est pas le travail, mais la prison, de son évasion jusqu'à sa mort.
Dès le début, on regrette le manque d'explication sur son début de carrière prolifique où il accumule pépètes, emmerdes, et réclusion. Mais on ne peut pas en vouloir au réalisateur de respecter le désir de l'ennemi public n°1. Mais en 1h40, absolument tout manque de développement et de détail. De son énième évasion, il chope un flingue caché dans un conduit d'aération, il sort une bombe lacrymogène de sa poche, qui a une portée d'un mètre et autant de pression qu'un extincteur, et qui en plus endort. Tout arrive en bordel, tout s'enchaîne trop vite, rien n'est expliqué et cela en dépit de la crédibilité.
André Génovès signe là son unique réalisation, et le manque d'expérience se fait que trop bien ressentir. La mise en scène est incohérente par moment, et les scènes d'actions font passer Commissaire Moulin pour Conan le Barbare. Tout se passe trop bien. Les policiers sont coopératifs, tendent la joue, et réclament de se faire casser la gueule chacun leur tour en réclamant une option sodomie.
Autant dans ces années les gardiens de prison et les policiers étaient réputés pour leur soif légendaire, et leur incompétence, autant faut pas trop prendre les gens pour des cons, avec cette direction d'acteurs, qui servent de mannequins. Et pas ceux de Karl Lagerfeld. Le casting est tout bonnement dégueulasse, Mesrine est le plus convaincant, et pourtant il est pas loin d'être l'ennemi n°1 des bonnes prestations. Puis ce n'est pas parce qu'en 1984 c'est le début de la grève des mineurs en Angleterre, que les acteurs doivent en faire autant pour jouer un blessé par balle. Les mecs se prennent des balles, et marchent comme si rien n'était. Et je parle pas des faux-raccords maquillages de blessures. En fait, il n'y a que Caroline Aguilar, qui joue Sylvia, dernière compagne de Jacques, qui impose une prestance physique pour le bonheur hormonale masculin.
Ah, au fait, ici on l'appelle Jacques 'Messsrine', avec 3 S, et non Jacques 'Mérine'.
Le gros problème est donc que chaque séquence de la vie du bandit, soit clairement survolée en dépit de la cohérence. Tout va trop vite, à tel point que des scènes font rire par le ridicule. Par exemple, Jacques la racaille de Shanghai déboîte un mec qui a touché l'épaule de sa gonzesse, il rentre, dégaine son poing sur sa gueule et son flingue pour menacer sa meuf de mort, et deux minutes plus tard, il l'appelle pour dire qu'il l'aime. Et tout s'arrange. (Connard)
Quitte à voir un film sur Mesrine, autant voir le diptyque de Richet, qui s'est inspiré des grandes scènes de celui-ci, comme les évasions et le final, qui sont presque identiques, mais en beaucoup mieux. Vaut mieux voir ce dernier car au fond identique mais avec du talent. Parce que voir un Jacques exploseur de cervelles sur policiers passifs, sans prêter l'attention nécessaire sur le drame et sa vie, ce n'est pas intéressant. Jacques en aurait tellement honte, c'est ce film l'ennemi public n°1.