Avec Los salvajes, le long-métrage qui l'a fait connaître, le cinéaste argentin Alejandro Fadel frappait par sa radicalité, à l'instar d'un Carlos Reygadas, sur le thème de l'animalité qui resurgit chez des humains en mode survie, dans une nature de plus en plus hostile. Meurs, monstre, meurs, pousse le bouchon encore plus loin au pied des montagnes de la Goredillère des Andes, là où des femmes trépassent, finissant avec un corps sans tête. Si le film avait un minimum d'humour noir à proposer, on serait (presque) prêt à accepter les délires d'un scénario qui part très vite en quenouille mais las, le "sujet" est traité avec un sérieux emphatique qui fait davantage peur que la représentation physique du monstre du titre, qui atteint le summum du ridicule. Devant les forces du mal de Meurs, monstre, meurs, les humains sont des pantins grotesques que les aléas du récit emportent vers on ne sait quel rivage fantastique. C'est vraiment du gâchis quand on constate l'évident talent visuel d'Alejandro Fadel qui ne pourra guère faire plus à l'avenir dans le registre de l'horreur graphique et gratuite, au service d'une histoire aussi extrême dans son extravagante bestialité. A ce sujet, il est à noter que quelques scènes du film sont complaisamment répugnantes, comme un éloge énamouré de la laideur.