Réalisé en plein milieu des années 90, Murder in the first est par bien des aspects un produit de son époque, que ce soit au niveau de la réalisation, du casting, ou de l'histoire.
La réalisation de Marc Rocco est assez inconstante, certains plans sont bien trouvés, mais souvent la caméra bouge trop, et il ne pose pas son action. Il expérimente beaucoup, mais c'est toujours plus intéressant qu'un bête champ/contrechamp, surtout pour un film abordant un sujet déjà vu des tonnes de fois.
Au niveau des acteurs, on ne peut pas faire plus 90's. Christian Slater dans le rôle principal, à l'époque où Hollywood essayait de nous le vendre comme la prochaine tête d'affiche, est correct, il n'apporte pas grand chose au personnage, sans le rendre trop fade, c'est déjà ça. Ensuite on a Kevin Bacon, qui à mes yeux peut être bon uniquement si on le colle dans un second rôle qui ne nécessite pas trop d'efforts. Sa performance est plutôt mauvaise, pas catastrophique heureusement, mais jamais il n'est attachant et même souvent agaçant. Ce sont les seconds rôles qui rendent ce film agréable, Gary Oldman est trop peu présent, mais à chaque apparition à l'écran il illumine le film de son aura. En plus de Gary Oldman on a aussi deux autres des meilleurs « gueuleurs » d'Hollywood, Brad Dourif, qui est juste là pour 2/3 scènes malheureusement, et le regretté R. Lee Ermey, qui est parfait en juge, tant sa simple présence impose le respect. J'aurais adoré voir les trois s'échanger des gueulantes bien placées, que ce soit dans ce film ou un autre.
Concernant l'histoire, je n'ai aucun problème à ce qu'un film prenne des libertés par rapport aux faits réels, bien au contraire, car c'est un film, et non un documentaire, il faut savoir rendre ça intéressant. Le problème vient quand le film décide d'ajouter du mélodrame à une personne réelle pour la rendre plus cinématographique. Dans le film, le pauvre Henri Young est condamné à une longue peine de prison pour avoir volé 5 dollars, on nous le présente comme un Jean Valjean, qui après 3 ans de confinement devient fou et tue un autre homme. Or dans la réalité, il avait été condamné pour meurtre. Pour moi ça pose un problème dans le message que veux donner le film, comme s'il insinuait par son omission des faits réels que le traitement subi est grave parce que le mec avait commis un tout petit délit pour nourrir sa sœur. J'aurais trouvé bien plus intéressant au contraire de nous présenter le mec tel qu'il était vraiment, histoire de vraiment inciter à la discussion sur le traitement inhumain qu'il a subi, au lieu de surenchérir comme ça sur sa vie pré-incarcération. Quitte à s'inspirer librement de faits réels, le film aurait pu utiliser des personnages fictifs, parce qu'à partir du moment où tu te renseignes un minimum sur la réalité, ça empêche de s'investir dans le personnage (comme The Greatest Showman avec P.T. Barnum).
Certains éléments proposés par le film sont plutôt ridicules et ne font qu'augmenter la durée du film pour rien, comme le coup de la sœur, dès sa mention on se doute qu'elle va faire l'objet d'une scène, et quand cette scène arrive enfin, je n'ai rien ressenti et elle est expédiée en quelques minutes, sans qu'on en reparle par la suite. Même chose dans un autre ton avec la scène de la prostituée, ça ne fait que rajouter à l'abus d'éléments de fictions pour tenter de rendre le personnage appréciable, et en plus ça manque cruellement de subtilité.
Dans l'ensemble cependant, c'est divertissant, certaines scènes sont très bonnes, comme toute l'introduction qui retranscrit bien la torture que ça doit être de se retrouver coupé de tout dans une petite pièce et dans le noir, le tout pendant 3 ans. C'est un film que je suis content d'avoir vu par simple curiosité, mais que je ne reverrai jamais.
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