Parmi les quelques films de Jeanne Crain que j'ai vus jusqu'à présent, je n'avais jamais été spécialement fasciné par la comédienne, que j'avais classé un peu vite parmi les douces héroïnes innocentes et bien élevées d'après-guerre, légèrement insipides.
L'actrice américaine ne m'étais jamais apparue aussi désirable que dans "Dangerous crossing", un film noir de série B plutôt bien troussé. Pourtant, son personnage demeure stéréotypé, pour ne pas dire agaçant, jeune épouse naïve qui bascule aisément dans l'hystérie, ce qui n'empêche pas Jeanne Crain d'aimanter les regards, belle et charnelle, visage émouvant et silhouette sensuelle.
L'autre atout majeur de ce polar psychologique réside dans son cadre singulier : un paquebot de croisière. En réalité, ces décors richement reconstitués en studio sont ceux du "Titanic" de Jean Negulesco, que la 20th Century Fox avait choisi d'amortir en les ré-utilisant sur plusieurs films.
N'empêche que le pont supérieur nimbé de brume et l'inquiétante sirène qui scande les nuits à bord font leur petit effet...
Une ambiance originale qui permet de relever un peu une intrigue sans grande originalité, qui constitue sans doute le point faible du film de Joseph M. Newman. Sans être ennuyeux, le scénario adapté d'une nouvelle radiophonique de James Dickson Carr manque en effet d'un ou deux rebondissements supplémentaires pour épicer l'ensemble.
Malgré ses airs de déjà-vu par moment, le mystère reste suffisamment stimulant pour faire de "Dangerous crossing" un petit divertissement agréable, d'autant que sa durée n'excède pas une heure et quart. Le film idéal pour une seconde partie de soirée sous la couette.