Cette critique fait partie de la liste "John Carpenter: The Prince of Darkness"
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Juste avant Halloween, Big John a un autre script à tourner (un parmi tant d'autre, car l'écriture rapporte de l'argent, même si c'est un exercice que Carpenter exècre plus que tout).
Le scénario de High Rise est acquis par la Warner Bros courant 70 et ils décident très vite de le mettre en image.
Bien que destiné à l'origine au grand écran, High Rise va atterrir à la division télé du studio.
Carpenter ayant fait ses preuves sur Assault on Precinct 13, la Warner se tourne vers lui pour le réaliser.
Big John ayant besoin de travailler, il accepte sans tarder.
Le tournage se fera rapidement, car l'équipe est rodée pour les projets télévisuels (ce qui étonnera d'ailleurs Big John, plus habitué à travailler avec des débutants).
Durant la post-production éclair, le film est retitré Someone's Watching Me!
A peine le téléfilm terminé, Carpenter se lance dans un autre tournage, qui sera le tournant décisif de sa (jeune) carrière: ce sera Halloween.
Qu'en est-il de ce (télé)film?
Eh bien, malgré le format étriqué télévisuel, Carpenter réussit à nous intriguer avec cette histoire d'une jeune femme indépendante, qui emménage dans un immeuble de grand standing: l'Arkham Tower (clin d’œil à Lovecraft, déjà...).
Là, elle reçoit une lettre lui disant qu'elle remportera peut-être 6 mois de vacances gratuites, fournies par une entreprise du nom de Excursions Unlimited.
Leigh Michaels (Lauren Hutton) vient juste d'être engagé comme réalisatrice sur une chaine de télé: KJHC.
Elle y rencontre un macho peu subtil (un macho peut-il être subtil..?) et son assistante Sophie (Adrienne Barbeau), avec qui elle devient immédiatement proche.
De retour chez elle, un colis l'attend sur le pas de sa porte.
Tandis que l'Allegro Non Molt**o (issu du mouvement "**Hiver" des 4 saisons de Vivaldi) joue sur la chaine-stéréo, Leigh commence à déballer le mystérieux colis (à noter que ce morceau sied parfaitement au suspens de la scène) et y découvre un télescope.
Un petite carte mentionne simplement "Compliments -Excursions Unlimited".
A peine a t-elle eue le temps de finir le montage du télescope, que le téléphone sonne.
La voix de l'inconnu mentionne simplement: "-Present number one." et raccroche.
C'est le début d'un harcèlement téléphonique insidieux et progressif.
Non content de l'observer au télescope, son stalker a posé un micro de surveillance (modèle D-528) sous son bureau.
Il est donc à même de savoir tout ce que fait Leigh...
Carpenter enferme donc cette femme dans son cadre et la fera lentement tourner paranoïaque.
Malgré l'étroitesse télévisuelle, Big John réussit à donner corps à cette angoisse permanente, en usant de temps à autre du First Person View (comme il le fera quelques semaines plus tard dans Halloween), filmera le télescope comme s'il s'agissait d'un être menaçant et les fenêtres de l'immeuble d'en face, comme autant d'yeux indiscret espionnant la pauvre Leigh...
En somme, High Rise/Someone's Wattching Me! pourrait être vu comme un brouillon d'Halloween:
en effet, l'on y parle d'un être quasiment invisible et sans motif précisant ses actions, ainsi que d'une femme (pourtant forte) qui est poursuivie sans relâche par cet inconnu sans visage,
ainsi que d'une pincée du Rear Window de Sir Hitchcock..
Ce téléfilm n'est pas non plus exceptionnel dans la forme, mais il se suit agréablement grâce à un certain sens du suspens et ce, sans recourir à aucune violence graphique (format télé oblige).
A noter que Big John y glisse une poignée de clins d’œils (outre celui concernant Lovecraft, déjà cité plus haut), comme le nom de la précédente victime, Elisabeth Solley (une ex de Carpenter), le nom du propriétaire de l'immeuble (Mr Leone, pas besoin de vous faire un dessin) et un petit jeu de mot sur Rio Bravo (Rio Taco).
Someone's Watching Me! mérite donc une vision, pour ceux qui n'auraient pas encore eu l'opportunité de le voir.