Deux hippies en fuite décident de se planquer dans une villa luxueuse appartenant à une mystérieuse femme. La tension ne va cesser de s’accroitre au cours de leur séjour…
L’interview du réalisateur, dans un des bonus de l’excellente édition du film dans une copie splendide chez l’éditeur Le chat qui fume nous apprend qu’au départ il voulait « tourner une sorte d’Easy Rider avec des dealers de drogue qui iraient du Danemark en Italie », une sorte de cavale libertaire. Malheureusement, le célèbre Carlo Ponti, producteur du film, ne voulut pas que les héros, à qui le public accorderait toute sa sympathie, soient liés à un trafic de drogue. Il imposa une réécriture du scénario en l’orientant vers le giallo.
Le scénariste Tonino Guerra remplaça la vente de drogue par celle de photos pornos. Ce « fut la ruine du film, ce n’était plus illégal ! Je voulais un film agressif, proche de la réalité, et je me suis retrouvé avec un film de compromis. » Et il est vrai que ce changement rend une partie du film complètement absurde car il est totalement invraisemblable que les deux jeunes hippies soient recherchés par la police nationale pour avoir proposé quelques photos de cul à des passants, d’autant plus que ce genre de photos n’est plus interdit en Italie à l’époque !
Le film est donc assez hybride et un peu bancal, il commence comme un road movie et mue de façon assez inattendue en film de home invasion pour muer encore en film de machination ! Par contre il est abusif de le considérer comme un giallo dont il ne possède aucune des caractéristiques fondamentales à commencer par le fait qu’il n’y a aucun meurtre durant l’action, le seul et unique meurtre ayant eu lieu avant !
Le film n’en est pas moins assez passionnant dans sa deuxième partie. Umberto Lenzi y critique, une fois encore, la haute bourgeoisie, qui sous l’apparence de la vertu, n’hésite pas à recourir au crime. La photo est très réussie et le film comporte de belles idées de mise en scène comme la remarquable séquence où Barbara (Irène Papas) raconte sa version des faits à la police et où ce qu’elle raconte ne correspond pas du tout à ce que le spectateur voit à l’écran dans le flash-back illustrant son propos. Le récit est donc infirmé par les images, brillante idée qui sera reprise 24 ans plus tard par Brian De Palma dans Mission impossible.
Enfin, il faut bien le dire, la sublime beauté d’Ornella Muti, alors jeune débutante qui n’avait même pas 16 ans, est à elle seule une raison de voir le film. Umberto Lenzi a même le bon goût de filmer ses pieds ravissants en gros plan et, surtout, de nous proposer une scène magnifique où elle tend son pied à Irène Papas qui l’embrasse avec dévotion ! Un must pour les fétichistes !