Grave, le film de Richard Pottier pose d'abord la problématique de l'euthanasie (tout est dans le point d'interrogation du titre). Fernandel est Noël Annequin, l'époux malheureux dont la femme se meure et dont il finit par accepter d'abréger la souffrance. Mais Noël n'est pas seulement ce désormais veuf criminel au yeux de la loi , il est aussi le cadet d'une famille bourgeoise, le vilain canard qui fit jadis un mariage d'amour...
Au drame humain se substitue très vite un jeu de massacre anti-bourgeois dirigé par Henri Jeanson aux dialogues (dont on se souvient, dans un registre analogue, du "Revenant" avec Jouvet et réalisé par Christian-Jaque). Par la la peur du scandale et à travers leurs fonctions, les deux frères de Noël incarnent le pire de la bourgeoisie. La charge de Jeanson est telle qu'elle tutoie le pamphlet. La famille du personnage de Fernandel cumulent toutes les tares, tous les vices de sa classe (résumons-les à la pleutrerie, à la convoitise et à la respectabilité par dessus tout) jusqu'à la caricature.
C'est le reproche qu'on peut faire à Jeanson (si on considère que Richard Pottier n'est que le réalisateur...) de ne pas donner dans la nuance et d'affliger sans modération des notables méprisables. Mais reconnaissons aussi que les dialogues sont souvent brillants et qu'ils sont la meilleure part du film, sans lesquels le scénario serait un peu fade, à l'image du rôle dramatique confié à Fernandel.