Meurtres
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Meurtres

Film de Richard Pottier (1950)

Si l’affiche vend avant tout le caractère inhabituel du rôle de Fernandel ce n’est finalement pas l’aspect le plus marquant du film tant ses capacités en la matière sont finalement déjà connue, non, ce qui surnage ici, ce qui transcende le film de l’honnête et inconnu Richard Pottier pour en faire une petite merveille à conseiller d’urgence, c’est la merveilleuse qualité des dialogues.

Il est finalement très rare et le plus souvent déconseillé d’accorder aux dialogues une place tellement écrite qu’ils en viendraient à diriger eux-mêmes l’histoire, que celle-ci en découle et non l’inverse. Parmi les très rares auteurs susceptibles de réussir ce tour de force il y a bien entendu Henri Jeanson.

Henri Jeanson vous le connaissez par cœur, vous récitiez en cour de récréation les meilleurs mots de Fanfan la Tulipe, vous trembliez plus tard aux rythmes acérés des textes de Pépé le Moko ou d’Hotel du Nord, vous pleuriez aux meilleurs dialogues de Louis Jouvet dans les amoureux sont seuls au monde, vous savouriez surtout le plaisir de la langue, les subtilités de la syllabe placée à sa juste place, le jeu de la scansion au service d’un sens cessant sa sainte simplicité sous l’assaut de ces sons sinueux et sensuels.

Jeanson, le maître de cet art fragile, parvient ici à transformer un scénario finalement assez banal, à deux ou trois audaces près, en un portrait bouleversant de l’humanité, par la simple utilisation du dialogue.

De cette histoire assez fascinante sur fond d’euthanasie, de famille immonde, de province dégénérée, de course pathétique aux honneurs, Jeanson se sert pour pousser le cynisme jusqu’au tragique ou presque, dans un tableau au vitriol particulièrement hilarant et savoureux.

Ces petits mots mis bout à bout et portés par des comédiens en état de grâce transforment notre petite brochette familiale en un concentré de freaks du meilleur effet ou surnage seulement la petite nièce, la très jeune encore Jeanne Moreau, témoin innocente des aventures kafkaïennes de ce brave Fernandel d’oncle…

Deux conséquences évidentes, donc : pour vous, regarder ce film dès que possible, pour moi, me jeter dans l’intégrale de ce bon Jeanson et m’y perdre de la meilleure volonté du monde.

Créée

le 17 mars 2014

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Torpenn

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