Jeff Lieberman réussit l'exploit d'apposer un filtre 80's sur son propre film des 80's. Autant dire que ça dépote visuellement, avec une galerie de looks détonants. Rien que le vidéoclub semble avoir émergé d'un fantasme moderne de cette période. Et je n'ose pas parler du club d'aérobic. C'est plutôt dingue que le réalisateur soit parvenu à cerner avec autant de précision tous les clichés de l'esthétique de son époque alors qu'il n'avait pas un si grand recul temporel, Meurtres en VHS datant de 1987. Surtout qu'il appuie en partie son script sur les clichés du cinéma de SF des années 50 ! Paie ton inception. Référence qu'on pourrait également citer devant certaines mécaniques intéressantes du lien entre la vidéo et la réalité.
Pour le reste, le film est un pur délire cheesy qui n'aurait pas dépareillé en scénario de jeu de rôle barré avec ses héros qui se retrouvent à assaillir des vidéoclubs pour y détruire des VHS. Malgré l'humour évident, les acteurs jouent suffisamment le jeu pour nous permettre d'adhérer à cette histoire brindezingue, qui a par ailleurs la juste intuition, 10 ans avant Ring, qu'une cassette maudite a forcément à voir avec des Japonais. Kevin Dillon incarne parfaitement le jeune Cosmo, dont la volonté héroïque de protéger une jolie jeune femme se traduit par le fait de la braquer une bonne partie du temps avec un gros calibre !
Meurtres en VHS n'est sans doute pas le plus beau blu-ray du Chat qui fume (on voit encore les tâches qui annoncent le changement de bobine, l'esprit grindhouse est conservé), mais cette édition est néanmoins l'occasion de découvrir une série B fort réjouissante.