Miami Vice m'avait laissé un souvenir moyen. Celui d'un film aux atouts stylistiques majeurs comme (presque) toujours chez Michael Mann, desservi par une intrigue et un montage brouillons. Et par un Colin Farrell pas à sa place.
Il m'était nécessaire de le revoir pour lui redonner l'estime qu'à présent je lui tiens.
Car si je reste sur certains de mes acquis, il me faut revoir certaines de mes positions.
L'image de Michael Mann, avec son ISO bruyant représente l'apogée de l'image numérique (que le cinéaste aura l'occasion de travailler tout aussi bien dans le reste de sa filmographie. On retrouve comme toujours l'ambiance nocturne, la tension électrique, la chaleur moite des étés orageux auxquels la caméra sied si bien ; jeux de lumière (on en a le plus parfait exemple dans la brutale et immersive ouverture), de reflets (Mann s'amuse comme jamais avec les miroirs), de symétrie et de géométrie (il s'amuse aussi avec les sublimes décors). A coups de grands angles immersifs, de zooms compulsifs, de gros plans à fleur de peau (rarement érotisme et peaux auront été aussi bien filmés ; scène d'amour entre les deux policiers noirs, scène de danse collé-serré à Cuba...). Mann est dans son accomplissement stylistique.
Néanmoins il ne l'est peut être pas au niveau scénaristique, et je reste sur ma position. Si, contrairement à ce que je pensais, le scénario est moins brouillon que ce mon souvenir me le disait, il reste néanmoins assez basique, bien viril, parfois difficilement crédible. La fusillade finale a le goût de l'inévitable et du facile, aux effets parfois ratés. Et Colin Farrell trouve en fait plutôt bien sa place, même s'il n'est jamais vraiment classe (à l'instar de son collègue Jamie Foxx qui s'en tire avec tous les honneurs, et qui a mieux su trouver l'essence du héros "Mannien").
Mais là encore, Mann dépasse toutes les lacunes de son film en proposant une histoire d'amour déchirante et puissante, qui vient s'imposer comme, au fond, la réelle motivation du héros, au delà de la simple enquête basique, et qui promet quelques moments aussi beaux qu'émouvants, servis comme toujours par une B.O. aux petits oignons, qui berce en permanence le récit et accompagne admirablement nos deux héros ténébreux - dont Mann parvient (notamment à la fin) à rendre compte admirablement de leurs trajectoires et destinées opposées - dans leur balade nocturne poisseuse et toute en tension.

Créée

le 28 mai 2016

Critique lue 222 fois

Charles Dubois

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