Début du XVIème siècle. Michel Ange quitte Florence pour Rome. Il doit terminer le plafond de la Chapelle Sixtine. Alors que le Pape Jules II soutenu par la famille Della Rovere se meurt, les Medicis étendent leur influence sur Florence et Rome. Rattrapé par ses engagements artistiques, Michel Ange va devoir composer avec un contexte politique difficile.
Michel Ange (Il Pecatto-Le pêché) est un biopic d'Andreï Konchalovsky (Runaway train...) de 2020.
Alors que le peintre Van Gogh a fait l'objet de multiples adaptations cinématographiques, Michel Ange est le premier film consacré au génie artistique de la Renaissance italienne.
Le film de Konchalovsky est un portait sans concessions de Michel Ange et de son époque. L'artiste est paranoiaque, colérique, orgueilleux et menteur. Tourmenté, il est victime d'hallucinations durant lesquelles il converse notamment avec Dante Alighieri, qu'il vénère. Les rues de Rome et de Florence sont crasseuses et dangereuses, on peut aussi bien recevoir le contenu d'un pot de chambre sur la tête au détour d'une rue que se faire attaquer par une meute de chiens sauvages à la nuit tombée.
Michel Ange est lié professionnellement à deux familles de puissants mécènes qui se détestent: les Della Rovere et les Médicis, soutenus par le nouveau pape, qui sont en pleine ascension. Les relations de Michel Ange avec ses pairs (Raphael...) sont exécrables.
Le morceau de bravoure du film demeure l'extraction d'un bloc de marbre massif (surnommé le monstre) de la carrière de marbre de Carrare. Et le spectateur de réaliser combien il était difficile d'acheminer la matière brute nécessaire à la création à une époque peu mécanisée....Cette séquence fut tournée dans la carrière de Monte Altissimo, dans les Alpes Apuanes.
Le réalisateur restitue parfaitement l'ambiance tourmentée et violente de l'époque dans un film qui n'est pas toujours confortable. La place de la seigneurie de Florence , déserte au petit matin où Michel Ange contemple un pendu accroché à une corde, servant de "petit déjeuner" à un corbeau puis une tête tranchée au sommet d'une colonne illustre parfaitement ce parti pris artistique.
Dans ce film, Le réalisateur Russe souhaitait "montrer un homme de la Renaissance, avec ses superstitions, ses exaltations, son mysticisme et sa foi dans les miracles ainsi que les odeurs, couleurs et saveurs d'une époque souvent cruelle..."
Konchalovsky s'est attaché à respecter au mieux l'exactitude historique et à reproduire avec minutie les décors de l'époque.
Le casting du film est bon. Alberto Testone, qui ressemblerait beaucoup à l'artiste, interprète avec brio le peintre italien grâce à sa physionomie tourmentée et à son regard halluciné.
Compte tenu de son approche réaliste, partielle et limitée dans la vie de l'artiste, je recommanderais plutôt le film à celles et ceux qui connaissent déjà un peu ce peintre.
Loin d'être un film académique, Michel Ange est un biopic sans complaisance, plus positiviste qu'esthétisant, dans lequel Konchalovsky a fait le choix de décrire l'âpreté de l'époque plutôt que le faste de la Renaissance.
Trailer
Ma note: 7/10