Comédie policière et romantique où se télescopent le monde feutré des salons de ventes aux enchères et les arrière-boutiques de Little Italy.
Décidément, les mafieux ont la côte dans les comédies américaines. Après Robert De Niro et Billy Chrystal dans Mafia Blues, voici James Caan et Hugh Grant dans Mickey les yeux bleus.
Hugh Grant incarne Michael Felgate, un commissaire-priseur anglais en poste à New-York. Il est sur le point de demander sa main à sa fiancée (Jeanne Trippelhorn) quand il fait la connaissance de sa future belle-famille. Le père, Frank Vitale (James Caan) est un membre important d'une vénérable famille maffieuse de New-York. Il montre d'emblée de la sympathie pour son futur gendre, alors que ce dernier se fait accepter du clan malgré son indicible peur de ne pas plaire. Par un concours de circonstances aussi absurde que périlleux, Mickey devient, à son insu, un redoutable cousin éloigné de la famille. Il apprend à parler comme un mafieux abandonnant son accent d'Oxford. Il essaie de se comporter comme un vrai dur. Ce qu'il ne réussit que partiellement. Enfin, il répond au doux surnom de Mickey, les yeux bleus en raison de la couleur de ses globes oculaires.
Kelly Makin base tout son film sur l'antagonisme entre deux univers totalement opposé. D'un côté, le petit monde bourgeois des amateurs d'art. De l'autre, celui non moins bourgeois de la pègre new-yorkaise. Et, si l'on peut dire, seul le passage à la violence les différencie. Certes la recette est éculée, mais elle ne manque pas de saveur grâce surtout aux deux comédiens. Hugh Grant excelle dans son registre de prédilection : le petit-bourgeois mal à sa place. En apprenti gangster, il est tout autant pathétique que touchant. Face à lui, James Caan s'amuse à incarner le « padrone » pas si méchant que ça. Au fond, son Frank Vitale n'est rien d'autre qu'un père défendant par n'importe quels moyens l'intérêt de sa famille.
Grâce à cet agréable équilibre entre les eux acteurs, Kelly Makin s'adonne à une mise en scène sans chichis qui permet au scénario de Robert Kuhn et Adam Scheinman de dévoiler tout son charme, comme ce personnage de mafieux s'évertuant de peindre des scènes saint-sulpiciennes en y incrustant des armes à feu de toutes sortes.