Encouragé par la comédienne Audrey Tautou qu'il avait dirigé sur L'écume des jours, le cinéaste Michel Gondry laisse de côté son projet d'adaptation du Ubik de Philip K. Dick pour privilégier un long-métrage plus modeste, inspiré de sa propre adolescence à Versailles.
Loin des sirènes hollywoodiennes (qui lui réussissent pourtant bien quand on lui fiche la paix), Michel Gondry s'attèle donc à un petit film sans grande prétention, sinon de poser un regard à la fois nostalgique et amusé sur l'adolescence, et en particulier sur l'amitié, celle qui ne dure pas forcément toute une vie mais qui vous marque et vous construit.
Une démarche sincère et intéressante, qui a le mérite de montrer enfin des ados sous un jour réaliste et jamais moqueur, aux questionnements aussi existentiels que graveleux. Des dialogues amusants et crûs qui font plaisir à entendre, sortant de la bouche de deux héros lunaires et attachants, ma foi pas trop mal interprétés même si le casting en général s'avère plus que bancal, notamment en ce qui concerne les adultes, pas franchement naturels.
Si le film de Michel Gondry est donc sympathique, se teintant même d'une nuance plus amère lors de son final, il faut malheureusement reconnaître que Microbe et Gasoil souffre d'une exécution un brin laborieuse. Plein de bonne volonté, le script peine à surprendre, à renouveler l'attention, donnant l'impression de ne plus trop savoir où aller passés les trois premiers quarts d'heure. De son côté, Michel Gondry semble totalement absent derrière la caméra, accouchant d'une mise en scène inexistante et plate, sans aucun sens du rythme.
Loin d'être désagréable, Microbe et Gasoil est donc une tentative louable de revenir à un cinéma sans prétention, mais ne parvenant que très rarement à donner corps à son amitié juvénile et atypique. Dommage.