Duplicity lights
Il faut un certain temps pour mettre le doigt sur l’emprise générée par Midnight Special. Parce qu’il est accidenté, parce qu’il n’est pas exempt de défauts, le trajet qu’il propose nous embarque...
le 17 mars 2016
156 j'aime
35
La planète Krypton étant sur le point d'être détruit, Kal-El (alias Superman) est envoyé sur Terre par ses parents pour assurer sa protection, dans le Kansas. A des centaines de kilomètres plus au Sud, un autre petit garçon lit ses histoires à l'arrière d'une voiture, équipé de lunettes bizarroïdes et d'un casque bien plus large que son crâne. Emmené par son père, Alton n'est pas un enfant comme les autres et doit rentrer chez « lui », dans son monde. Le chemin parfaitement inverse de son héros kryptonien.
Jeff Nichols a franchi le cap. Si ces précédents récits ont toujours été baignés de touches surréalistes impalpables, Midnight Special s'avère être le tournant de sa filmographie. L'homme passe à l'acte et montre qu'un univers parallèle existe, tangiblement. Le but n'est pas de décrire ce dernier ou de se pencher sur la condition extraterrestre. L'américain reste sur la terre ferme et prend le point de vue de ses congénères : politique, religieux, sentimental. La préoccupation du cinéaste a toujours été l'être humain, son rapport au danger et l'amour inconditionnel porté à la famille.
En dépit de l'étiquette SF apposée à cette nouvelle œuvre, sa création est une nouvelle fois purement intimiste, sincère, en s'attachant au plus près du réel. Exit l’Ohio et le Mississipi, nous voici maintenant sur les terres arides du Texas. Paysage inondé de routes à n’en plus finir, le climat desséché de l’Etat a transformé l’alter-ego de Nichols. Michael Shannon, plus concerné que jamais, présente un physique au teint hâlé et usé jusqu’à la moelle. La barbe naissante et les cheveux éclaircis par un soleil meurtrier, l’homme ne croit qu’à une seule chose : le devenir de son fils. Énième leitmotiv du réalisateur, incarnant le combat des aînés à sauvegarder le futur de leurs héritiers.
Avec une bande son habitée de l’habituel David Wingo (déjà présent sur Take Shelter et Mud), Midnight Special est autant une relecture des mythes ciné SF des années 70/80 qu’un film purement contemporain. Méfiance à l’égard de l’étranger, personnification religieuse, le scénario de Nichols est un petit bijou qui met à mal des personnages aux buts clairement définis. Et dans ce tourbillon de sentiments paradoxaux et de chaos imminent, nous retiendrons la figure d’Alton. Enfant surdoué, hypertroublant et néanmoins d’une sérénité affolante, Jaeden Lieberher représente l’enjeu majeur de l’un des films les plus importants de l’année. Rien que ça.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 19 avr. 2016
Critique lue 186 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Midnight Special
Il faut un certain temps pour mettre le doigt sur l’emprise générée par Midnight Special. Parce qu’il est accidenté, parce qu’il n’est pas exempt de défauts, le trajet qu’il propose nous embarque...
le 17 mars 2016
156 j'aime
35
C'est un critique malheureux qui prend la plume. Malheureux parce que l'orgasme filmique amorcé ne s'est pas produit. Malheureux parce que la promesse de caresser une époque révolue (celle des prods...
le 16 mars 2016
147 j'aime
87
Midnight Special commence dans le noir. Dans une voiture qui roule de nuit tous phares éteints. Avec, sur la banquette arrière, un enfant qui lit des vieux Action Comics à travers une drôle de paire...
le 23 mars 2016
63 j'aime
14
Du même critique
Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par...
Par
le 9 févr. 2014
18 j'aime
Wim Wenders peut aller se rhabiller avec Le sel de la terre. Vivian Maier n’aura pas eu la chance d’être récompensée pour son brillant travail de photographe à titre posthume. Aux dernières...
Par
le 17 mars 2015
17 j'aime
2
Ici, le conditionnel est d'usage. Et si Brian Wilson, leader des Beach Boys, n'était pas tombé sur Melinda, ange-gardien l'ayant sauvé des abimes ? Peut-être serait-il déjà mort. Et si ce même homme...
Par
le 1 juil. 2015
11 j'aime
1