Attention divulgâchage dans cette critique même si je ne rentre pas dans le détail non plus.
Midsommar c'est un peu The Wicker Man avec une intrigue moins bonne et une mise en scène un ou deux crans au dessus.
Donc si vous connaissez The Wicker Man, vous serez éventuellement surpris par des scènes individuelles, mais très difficilement par l'intrigue générale du second long métrage de ce réalisateur. Ari Aster nous offre pourtant un bon film d'horreur, dépourvu du moindre jumpscare, et prenant le contre-pied du genre, puisque le film est baigné dans la lumière en permanence (un peu à la manière du Shining de Kubrick). De plus, le film donne à voir des scènes superbes et particulièrement barrées à la pelle. Pour ceux qui aurait vu le premier film d'Aster, Hérédité, on y retrouve les obsessions ainsi que la patte si particulière de ce réalisateur. Je fais partie des gens qui pensent que cette possibilité de se rendre compte de manière immédiate ce qui constitue aussi bien de manière thématique que stylistique les particularités d'un réalisateur est la marque des grands. À n'en pas douter, Ari Aster possédé cette forme et cette matière si singulière qui lui permet de se distinguer.
Le film est également assez riche à cause de ses multiples niveaux de lecture: l'opposition individualisme et communautarisme en est un des axes d'analyse. Une certaine réflexion sur le sectarisme est bien présente également. On peut aussi y trouver une réflexion sur la mort et la différence entre la manière dont nos sociétés modernes où les sociétés païennes l'envisage avec à la fois une opposition, une correspondance, et une similitude et ce directement dans la structure du film (les divers "sacrifices" qui débutent et terminent le film qui à la fois se renvoient l'un à l'autre et s'opposent jusque dans la réaction de l'héroïne) .
le film joue aussi très fortement sur la notion d'empathie de manière directe et assez limpide, par exemple dans la manière de montrer les différences de réaction des américains face au drame qu'à vécu l'héroïne (particulièrement son petit ami) et les cris du groupe païens, solidaires de la souffrance (ou même de la jouissance) d'un de leur membre; et ce parfois de manière retorse (peut-on réellement parler d'empathie de la part des "païens" vu les événements décris...).
Du coté de ce qui fâche, Les réactions des personnages sont tout de même à l'ouest.
Là où le fait de rester sur l'île était parfaitement justifié dans The Wicker Man, rien ne le justifie d'un point de vue psychologique dans Midsommar, ce qui fait qu'il peut y avoir de la part du spectateur une cassure dans la suspension d'incrédulité que requiert un film et à plus forte raison un film d'horreur.
Le second film du réalisateur d'Hérédité ne laissera personne indifférent et suscitera des réactions hétéroclites à n'en pas douter. C'est tout de même une belle entrée dans le genre du Folk Horror. C'est aussi un film d'une certaine manière rageant, car il gâche un peu le grand classique qu'est The Wicker Man pour ceux qui verraient Midsommar avant celui-ci, mais à contrario, on pourrait dire que voir The Wicker Man avant le film d'Aster pourrait vous gâcher une partie de celui-ci. Cette étrange inversion tient sans doute en soi du plus beau compliment que l'on puisse faire au film d'Ari Aster.