Dès les premières secondes de son nouvel effort, Ari Aster nous rappelle qu'on lui doit Hérédité, qui l'inscrivait instantanément comme un réalisateur à suivre, même si la hype qui l'entourait était peut être un poil excessive.


Il nous rappelle ainsi sa maîtrise de l'image qui choque et qui s'inscrit profondément dans la mémoire, du plan savamment calculé. Tout comme son art de l'image frontale et crue, qui fait mal, comme si on était soi-même témoin impuissant du drame.


Ari Aster nous réaffirme donc son incroyable confiance en lui et en ses (non-)effets, en ses mouvements de caméra millimétrés, lents et parfois terriblement anxiogènes. Il continue ainsi de se construire une personnalité atypique dans le paysage de l'horreur.


Midsommar en est une nouvelle illustration. Tout d'abord en forme de répétition de Hérédité, avec son ouverture suffocante, son décès inaugural et le séisme provoqué par l'absence dans la vie du ou des personnages principaux. Avant de dériver lentement.


Vers une lumière incroyablement blanche et crue, que l'on ne voit que très rarement dans un tel genre de film. Loin de nuire à la tension, au contraire, elle la réaffirme, baignant le film d'une chaleur et d'un horizon écrasants. Cette lumière parfois aveuglante s'impose comme le premier violon de l'orchestre d'Ari Aster ayant pour but de brouiller peu à peu, pour les personnages et le public, la perception du temps, au point de littéralement le dilater. A moins que ce ne soit l'effet hallucinogène des drogues consommées qui altère à de nombreuses reprises le relief des premiers plans d'un banquet ?


Aster nous convie avec Midsommar à un voyage sans retour auprès d'une communauté que l'on associerait dans un premier temps, assez naturellement, aux hippies ou à de curieux amishs. Mais le trip tordu du film les dessinera d'une manière de plus en plus étrange et morbide, achevant de perdre le spectateur qui se sentira plus d'une fois pris au piège. Dès lors, comme le groupe d'amis prisonniers qui ne pourra que se désagréger, on comprend que l'on a basculé dans l'horreur, mais on ne saurait déterminer à quel moment précis.


L'horreur de Midsommar se distille insidieusement dans chaque recoin d'un huis-clos en plein air, transformant un paysage bucolique et tranquille en un cirque déstabilisant et funeste faisant perdre pied de manière irrémédiable, comme si l'on avait dansé sans fin, jusqu'à perdre l'équilibre, en accompagnant l'héroïne de la tragédie, Florence Pugh, donnant vie à la douleur de Dani et l'imposant comme le carburant humain d'un récit aussi simple que sans espoir de retour. Se noyant bientôt dans une incroyable folie aux allures sectaires, tandis que son couple se dégrade lentement.


Le tableau de Midsommar frôle jusqu'ici la perfection. Jusqu'à se rendre compte que le film est peut être un peu trop étalé pour ce qu'il représente à l'écran. Jusqu'à constater que la hype, une nouvelle fois, nuit peut être un peu à l'oeuvre d'Ari Aster. Mais plus grave, jusqu'à ce que le spectateur comprenne que ce petit quelque chose indéfinissable, qui l'empêchait de pleinement adhérer à l'enthousiasme suscité par ce nouvel exploit, c'était un manque flagrant d'empathie. Pas que les comédiens soient aux fraises, loin de là même, mais parce que, tout simplement, on ne s'intéresse pas trop à eux, hormis Dani. Pour le reste, une caractérisation lacunaire et un survol de leurs relations ne permet tout simplement pas de s'attacher à eux et de se préoccuper de leur sort funeste au delà de leur disparition.


Même si Midsommar représente fièrement les couleurs du genre horreur ainsi que la maîtrise imparable d'Ari Aster pour déstabiliser, impressionner et prendre à la gorge.


Behind_the_Mask, ce que la Suède a de plus effrayant.

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le 1 sept. 2019

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