Le sacre de l'été
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De tous les films de rupture du moment, nul n’aura l’audace ou la perversité de celui-ci. Ari Aster, explore un épisode marquant de sa dernière relation sentimentale et nous emmène en voyage, où le soleil sera notre geôlier. Il a déjà opté pour la même démarche dans « Hérédité », où il a fait appel à ses traumatismes familiaux, mais à présent, il se libère de ses chaînes. Il s’approprie une vision audacieuse du folklore paganiste et suédois, tout en lui associant le cycle scintillant et interminable d’un soleil, passif mais agressif. Il est alors aisé de penser au « Climax » de Gaspar Noé ou encore à « Chansons du deuxième étage » de Roy Andersson, pour ne citer qu’eux. On transforme ainsi une étude anthropologique en une étude des liens amicaux, à la fois toxiques et vengeurs.
L’introduction du récit fait alors une belle transition entre ces deux œuvres, cohérente dans la dissection de la psyché du réalisateur. C’est à la fois personnel et universel, si l’on considère la fresque tragique qui orne un acte final, attendu mais troublant. Nous nous mettons donc à la hauteur de Dani (Florence Pugh), jeune fille qui traverse les sentiers de l’isolement, de la dépression et de la dépendance. Elle possède le visage humain, jusqu’à ce que l’humanité la guide vers le stade supérieur de sa problématique majeure, à savoir la gestion du deuil. Le chagrin qui la possède fait d’elle une victime à part entière, qu’elle soit en compagnie de son petit ami Christian (Jack Reynor) ou non. La fuite semble être sa seule option, jusqu’à ce qu’un voyage vienne mêler conte de fée et un curieux purgatoire.
Cependant, il n’y aura nul besoin de porter la peur à son stade primitif, à savoir au jump scare. La démarche est souvent brouillonne et ne s’appuie pas souvent sur la bonne atmosphère pour préparer le spectateur. Là où, Aster est ingénieur, c’est qu’il parvient à extirper le côté perturbant de la peur, créant ainsi une angoisse omniprésente et pesante dans de nombreux moments forts. De plus, il prend à contre-pied des fantasmes et l’enfer devient paradisiaque. Inutile de préciser qui domine qui, mais la présence de cette lueur aveuglante et brûlante dans le ciel n’est pas toujours synonyme de joie. Le décor bluffe et parvient rapidement à nous dépayser, puis par nous dépouiller de notre culture. La coexistence n’est pas permise chez ces druides ou ces danseuses, vénérant la nature et une union sacrée. En effet, l’intrigue soulève que l’individualisme n’est qu’un carburant vers l’émancipation. L’héroïne se laisse alors prendre au jeu, comme nous autres, au piège qui nous est présenté comme inévitable.
Ainsi, « Midsommar » résonne comme une expérience maudite. Chacun sera libre d’interpréter la démanche poisseuse, mais ingénieuse ou bien le dénouement macabre et quelque peu épistolaire. Ajoutons à cela un appel, voire une détresse sexuelle, qui en fera hésiter plus d’un, mais l’invitation devient une obligation. La séduction prend une voie qui peut en déplaire plus d’un, mais le but du jeu sera d’accompagner tous ces personnages qui traversent le doute, l’euphorie et enfin la délivrance.
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Créée
le 17 sept. 2019
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