Le sacre de l'été
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S'il y a un truc que je veux plus voir au cinéma, c'est du "Folk Horror". J'adore le concept, des gens qui débarquent dans une communauté un peu étrange et où la bizarrerie s'intensifie au fur et à mesure en devenant de plus en plus glauque.
Je pensais trouver ça dans Midsommar et je l'ai eu... mais autant que je l'aurais espéré.
En fait le film est plein de bonnes idées, notamment sur le lieu de l'action. Placer son film d'horreur en Suède sous le Soleil de minuit c'est vraiment pas mal du tout. Déjà esthétiquement ça en jette, ça évoque toute une imagerie de fêtes païennes avec tout ce qui est fête de la moisson, mais en plus non seulement ça change de ces films atrocement sombres qui finissent par tous se ressembler visuellement, mais surtout ça accentue le sentiment d'enfermement des personnages. Ils ne peuvent pas échapper au Soleil et ça accentue un décalage entre ce côté champêtre guilleret avec des fleurs et le climat oppressant qu'essaye d'instaurer le film. Décalage qui rajoute alors au malaise. Disons que ça devrait être le paradis... mais que ça ne l'est absolument pas...
Clairement c'est pour moi la grande réussite du film. Disons que c'est agréable d'être dans un tel décor. C'est parfait pour un jeu de massacres.
Par contre je suis un peu moins amateur du mélange drame/horreur comme ça pouvait déjà être le cas dans hérédité parce que là je trouve que ça n'apporte finalement pas grand chose... En fait l'héroïne est pénible dès le début, je ne m'attache pas à elle... Elle est juste chiante. Et c'est normal, tu présentes un personnage et tu ne sais rien de lui à part qu'il emmerde son compagnon. De plus on ne le connaît pas depuis assez longtemps pour partager son deuil... Après je veux bien que ça soit un film sur comment se reconstruire après un décès dans la famille et sur la difficulté de surmonter ça, mais franchement je trouve ça juste lourd et finalement peu palpitant car ça fonctionnerait tout aussi bien sans ça. Un couple qui décide de partir en Suède avec des amis pour assister à une fête ça suffit. Disons que le prétexte de la thèse suffit pour justifier le voyage. (ou alors il fallait juste rendre ça moins lourd)
Ceci étant, ça n'est pas non plus totalement rédhibitoire, c'est juste que immédiatement ça flingue toute possibilité d'empathie avec le personnage principal, beaucoup trop pénible pour qu'on la trouve ne serait ce qu'un tantinet sympathique.
En outre on a une fin assez similaire à son film précédent, moins ridicule ceci-dit, elle s'inscrit bien dans le récit tout en changeant un peu d'autres productions du genre puisque nos protagonistes ne sont pas réellement des héros et subissent plus les événements qu'autre chose.
Et si le film est assez malsain car on se doute bien qu'il se trame des choses louches, je le trouve finalement bien trop peu glauque à mon goût. Disons que pour une fois, en sortant d'un film de 2h27 j'en aurais voulu plus. (pas plus de deuil hein)
En plus de glauque, de situations malsaines et moins de mini intrigues ou de développement de personnages lourdingues.
Parce que vraiment, le film n'est jamais aussi bon que lorsque tout le monde est en blanc sous le Soleil, avec des fleurs dans les cheveux et qu'il se passe des trucs étranges, que personne ne sait comment réagir alors que tous les voyants hurlent "danger". Mais vu que tout le monde sourit, personne n'ose réellement réagir...
Je pense qu'il y avait moyen d'arriver à la même fin, aux mêmes thématiques sur la famille, le collectif (et un peu sur l'embrigadement) en étant beaucoup plus subtil.
Donc ouais, je suis un peu déçu, c'était bien, à n'en pas douter, mais il y a encore un peu de déchets dans l'écriture... En tout cas Ari Aster est un réalisateur à suivre, en espérant qu'il ne s'enferme pas trop dans les mêmes poncifs et qu'il saura évoluer pour gagner à la fois en légèreté et en gravité, histoire que ça soit bien plus glauque tout en étant plus digeste.
Créée
le 28 sept. 2019
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