Midsommar m'a fait réfléchir sur la notion de "film d'horreur". Cette dénomination est de plus en plus rattachée à une catégorie de films que l'on va voir pour se donner quelques frissons entre amis, sans jamais chercher le choc ou le traumatisme. Midsommar se détache totalement des codes de l'horreur installés durant les dernières décennies, c'est pourquoi dans son cas, je préférerai parler de film d'angoisse.
Il s'agit du genre de film qui cherche à tordre les boyaux, à choquer non pas en nous surprenant ou en nous foutant une image dégueulasse sous les yeux, mais bien en nous installant dans une atmosphère malaisante, et en nous faisant éprouver une réelle crainte, en nous montrant ce qu'on ne veut vraiment pas voir : tout ce qu'on veut dans ce film, c'est fuir.
Tous les éléments sont là pour nous plonger dans cette atmosphère à la fois angoissante et originale : zooms lents ou retournements de caméras, couleurs en contradiction totale avec le propos malsain, musiques torturées... L'utilisation de ces éléments est très innovante, notamment l'utilisation des couleurs et de la lumière : le film se déroule quasi-intégralement dans une clarté éclatante, étonnamment plus angoissante que l'obscurité. Il ne fait que ponctuellement appel aux images gores, mais c'est plus dans sa façon de filmer et dans son atmosphère générale que Midsommar parvient à être véritablement brutal.
Le film d'Ari Aster n'est cependant pas exempt de défauts. A titre personnel, j'ai trouvé le film plutôt long, et si le début et la fin son très accrocheurs, il y a tout un passage central durant lequel le film m'a un peu laissé sur le banc de touche. En fait, une fois qu'on a saisi le déroulement de la trame, alors on ne peut qu'attendre l'apothéose.
A partir de l'instant où le sacrifice humain est abordé, alors difficile de refaire monter la pression par la suite. Aster n'y parviendra que lors de son bûcher final, heureusement.
Je regrette également de ne pas avoir entendu la superbe musique de la bande-annonce ! Ou alors je l'ai loupée, mais en tout cas elle est peu présente, dans ce cas. C'est un peu comme dans L'Exorciste, où l'on entend trop peu les Tubular Bells... Heureusement, la BO reste excellente de toute manière.
Midsommar est un film d'angoisse particulièrement réussi, et j'espère qu'il aura une descendance, et qu'il marquera un tournant dans le genre horrifique.