Ah bah tiens, moi qui aime pas trop les films d’horreur, en voilà un sympa.
- Oh tiens, salut ! Ça faisait longtemps !
T’es qui, wesh ?
- Bah c’est moi, la petite voix qui intervient à chaque fois que tu fais une critique et qui sert de caution « interlocuteur concon » pour que tu puisses répondre avec un ton condescendant à des questions que personne ne se pose.
Ah oui. Non mais c’est fini ça. Barre-toi, je fais ma critique et c’est marre. Mais en effet, c’est vrai, ça faisait longtemps.
ALORS. Film plutôt cool globalement, mais comme je suis chiant, on va passer ultra rapidement sur les bons points du film avant de s’attarder sur les moins biens : l’ambiance est sympa, les acteurs sont bons, y’a des effets vraiment bien réussis (j’aime bien les ondulations de la végétation et l’herbe qui pousse sur la main de la nana quand ils sont sous champotes (ah ui, spoilers hein, désolé, et ce pour tout le reste de la critique)) la musique est chouette aussi, y’a un gros contraste entre la mise en scène très stylisée de l’intro et la simplicité de la suite, bref, le film est plutôt sympa à mater.
MAIS, parce que je suis chiant et qu’il faut toujours un « mais », j’ai quand même un problème avec le rythme et l’écriture dudit film. Je passe sur le fait que je ne trouve pas le film particulièrement flippant, parce que c’est pas spécialement ce que j’attendais, donc osef. Mais y’a quand même deux, trois trucs qui me chiffonnent, et qui me font me dire qu’y aurait eu moyen de faire quelque chose de mieux. Je commence par quoi, le rythme ou l’écriture ?
- C’est à moi que tu demandes ? Je croyais que c’était fini…
OK. Du coup, niveau rythme : Autant j’aime bien les films lents, autant ici le problème n’est pas tant la lenteur que les longueurs. Les séquences sont loooonnnngues, bordel… Et ça marche assez bien au tout début pour poser l’atmosphère et l’univers du film (encore que, ça met quand même assez longtemps avant que le bouzin ne démarre vraiment), mais dans toute la première partie du film, on dirait que tout avance au ralenti. Et c’est dommage, parce qu’à force de tirer sur la corde, la tension finit toujours un peu par retomber. Exemple parfait : la scène de la falaise (spoilers, j’avais prévenu).
Après trois quarts d’heure de présentation du contexte (la nana a perdu ses parents, son ex la récupère à la petite cuillère et lui propose de venir avec lui et ses potes dans un festival en Suède qui a lieu une fois tous les 90 ans, synopsis : check), une scène crée un point de bascule dans le film : ce qui démarrait en drame/road trip vire à l’horreur : deux viocs se jettent du haut d’une falaise pour s’éclater la gueule et mourir devant le reste des habitants du bled. Et le fait que les deux vieux vont tomber du haut de la falaise (qu’ils se suicident ou qu’on les y jette, peu importe), on le sent venir à des kilomètres, mais là n’est pas le problème, rien de gênant. Le problème, c’est qu’on passe tellement de temps à se dire « Oh putain ils vont sauter », qu’on finit par s’impatienter. La tension est bien présente, on sent que ça va pas être jojo, mais c’est tellement long qu’on passe de « Oh putain ils vont sauter » à « Allez, putain, sautez, qu’on passe à autre chose ! »
Et c’est dommage, encore une fois. Parce qu’à partir du moment où la tension commence à monter, on s’attend à ce qu’elle reste jusqu’à la fin, et que quelques pics viennent ponctuer tout le bordel. Hors là, non, la tension redescend, et on attend la prochaine montée après une scène de vie quotidienne au village des vikings aussi longue que celle d’avant. Et à partir de là, en revanche, truc sympa : on entre dans l’univers ritualiste de cette espèce de secte cheloue. Mais là aussi, y’a quelque chose qui m’empêche d’accrocher complètement.
Après la scène de la falaise, le film vire plus ou moins au slasher. OK, on a pas de tueur en série, mais on garde le principe du groupe de jeunes qui s’aventure dans un endroit inconnu, et où tous se font buter les uns après les autres. Tous sauf une, celle qui a décidé de se barrer du fest après la cérémonie de suicide des deux viocs. Et comme rien ne nous indique le contraire, on partira donc du principe que celle qui s’est barré (sans aucune résistance de la part des vikings chelous) s’en est sortie. Et c’est là le problème que me pose le film : cette nana me paraît, du coup, le seul personnage un tant soit peu sensé du film. Tu viens pour te détendre en fest, on t’invite à une cérémonie pétée où deux vieux se jettent d’une falaise pour se suicider, et où on finit celui qui se rate à coups de marteau dans la gueule, TU TE CASSES, FINI, NON NÉGOCIABLE, C’EST OUF PUTAIN. Et le fait que moins de 24 heures après, tous les autres invités aient l’air d’en avoir rien à foutre, ça me déconcerte un peu. Alors OK, y’a le côté « oui mais t’es pris dans le truc, t’es un peu fasciné » machin, mais pour moi y’a surtout le côté ‘’s’ils sont un peu malins et qu’ils se cassent, y’a plus de scénario ». Allez, d’accord.
S’ensuit donc les morts des différents personnages, où, pour le coup, on a des vraies scènes de tension efficaces (j’avoue, même si je trouve pas le film flippant dans son ensemble, le mec avec le masque en peau de visage là, AH PUTAIN…), et des scènes perturbantes et/ou gênantes (volontairement) sans être spécialement flippantes, là on est dans le coeur de la secte, et c’est plutôt cool. Par contre, je continue de me demander pourquoi les rituels nous sont aussi peu montrés. On nous montre (et pendant longtemps, en plus) le rituel du suicide des vieux, le rituel sexuel du mec forcé à baiser une nana entouré de plein d’autres nanas du village (d’ailleurs je mets un astérisque* pour mentionner un truc en fin de critique), et c’est tout. On ne nous montre pas comment est mort celui qui s’est fait arracher le visage, et surtout, on ne nous montre pas l’Aigle de sang.
L’Aigle de sang, pour ceux du fond qui ne savent pas ce que c’est, c’est un supplice qui consiste à inciser le dos de la victime, lui péter les côtes afin de les lui faire ressortir par le dos, avant de faire sortir les poumons par derrière et les disposer comme des ailes d’aigles. Vous voyez le mec dans la grange, suspendu au plafond, à la fin ? Bah voilà, c’est ça. Et du coup, je trouve ça assez bizarre qu’après la scène, très graphique, du suicide à la falaise, le film ne continue pas dans ce ton-là. Non pas que je sois avide de gore et de trash, mais la cohérence visuelle du film m’échappe un peu. Y’a comme une espèce d’entre-deux qui me laisse sur ma faim.
Bref, voilà, le film reste chouette, on baigne dans une ambiance assez suffocante (comme quand on va dehors en ce moment, 40° à l'ombre, ressenti 60°, et en plus y'a pas d'ombre), certaines scènes sont assez dérangeantes pour ajouter du crédit au tout… Finalement je crois que le seul truc qui me dérange, c’est les codes du film d’horreur avec lesquels j’ai toujours eu un peu de mal. Mais du coup c’est perso, j’en tiendrai pas trop rigueur, le film est cool quand même.
*
(j’avais dit que je gardais un astérisque pour la fin) J’aime beaucoup les scènes où un groupe/une foule de gens du village est dans une telle empathie que tous reproduisent les cris et gestes d’une seule personne en se tenant autour d’elle. Ça ajoute un côté un peu flippant et presque mystique au bordel, non en vrai ça c’est bien. J’aime bien.