A bien des égards Midsommar se révèle être dans le hors norme, autant par sa prouesse à éviter le film de genre, sautant dans plusieurs, créant presque son propre genre ; jusque dans son approche visuelle de l’horreur. J’ai pourtant crains une nouvelle version de The Wicker Man, que je trouvais très éprouvant, et il n’empêche qu’il existe des similitudes car je voyais se dérouler le film de la même façon (on nous vante un paradis qui devient l’enfer).
Le film commence très fort en instaurant d’emblée un deuil et donc une empathie (ou une antipathie pour certains) avec le personnage principal. A chacun de choisir sa team entre Dani et la bande de copains, mais la tragédie sombre du personnage souligne fortement la lumière que Midsommar impose par la suite. Et c’est d’ailleurs là que je trouve la mise en scène très intéressante, là où on pourrait s’attendre à être enfermée dans quelque chose de sombre, Ari Aster choisit une lumière poussée et de vastes étendues herbeuses comme enfermement, le radieux pour mieux vous traquer. Utilisant subtilement les transitions, il parvient avec certains plans à inscrire son film dans une beauté visuelle qui lui est propre.
Pourtant le film ne parvient pas, et sûrement est-ce recherché, à m’angoisser. On est donc moins sur le thème de son précédent film, toujours abordant le deuil mais l’aspect horreur en moins. Cherchant à provoquer dans les détails de certains cadavres, le film ne joue pas avec nos nerfs mais nous offre une expérience. Car étrangement, aussi long qu’il puisse être, Midsommar ne nous ennuie pas. Le film prend pourtant bien le temps d’exposer son histoire, son folklore ; le spectateur sait que quelque chose est louche et que le réalisateur n’abattra pas ses cartes tout de suite, et on se surprend à rester sans rien dire, contemplant en attendant une étincelle. Car j’ai personnellement eu du mal avec l’absence d’enjeux dramatique ou horrifique. La bande d’amis est assez insipide et antipathique, comme si elle portait un écriteau « Tuez moi » un peu trop évident pour qu’on se sente concerné par ce qui leur arrive. J’ai été personnellement plus proche de Dani, le personnage le mieux écrit selon moi, ni dans la caricature ou la surenchère, essayant simplement de faire face à ses démons en même temps qu’à une situation étrange. Les autres étaient soit trop angoissés (le couple du début) ou carrément je m’en foutiste face à la situation.
En fait, Midsommar a de grands atouts mais qu’on aurait voulu inscrit dans un scénario plus écrit avec moins de caricatures. Ari Aster a encore une fois le cul entre deux chaises, Hérédités faisant parti de ses derniers films d’angoisse à la mode qui ne m’atteignent pourtant pas. Je ne considère donc pas Midsommar comme un film d’angoisse, car jamais je ne me suis senti oppressée (et j’aurais donc été déçu), mais plus comme une expérience, que j’avais quand même déjà vu avec The Wicker Man. J’ai aimé certains aspects mais je n’ai pas non plus été hypnotisé comme certains.
En demi-teinte donc.