Ca commence très fort, avec des gangsters qui exécutent de manière musclée des courriers s’étant fait dérober 300 000 dollars, appartenant à la mafia. Puis « Milano Calibro 9 » s’assagit… du moins dans la forme. Car sur le fond, on est dans le poliziottesco, genre de polar italien pessimiste, limite nihiliste.
C’est ainsi un portrait peu glorieux de Milan qui nous sera livré. Oubliez le quadrilatère de la mode, ou les beaux monuments de la ville. Dans la première scène, on apercevra furtivement un morceau du Duomo et de la Galleria Vittorio Emmanuele II. Puis la ville apparaîtra grisâtre et sinistre, à l’image de ses personnages.
Un protagoniste qui sort tout juste de 3 ans de prison, dont tout le monde est persuadé qu’il a volé l’argent… et surtout ses anciens acolytes. Des gangsters qui ne respectent plus aucune règle, aucun honneur. Une limite floue entre légalité et illégalité. Et des policiers désabusés, qui s’acoquinent volontiers avec ceux qu’ils chassent !
Fernando di Leo se permet même d’étranges scènes de débats politiques entre les deux policiers, l’un de droite limite facho, l’autre de gauche limite coco. C’est totalement inutile à l’intrigue, mais cela permet de pointer du doigt la déliquescence de la société italienne, ou l’éternel schisme entre Nord et Sud.
Le scénario sombre est bien ficelé, jusqu’à des rebondissements finaux qui poussent le pessimisme à son paroxysme. Tandis que la mise en scène s’avère dynamique et plutôt travaillée, offrant quelques fusillades sympatoches. Ou une séquence de danse des plus lascives avec la belle Barbara Bouchet ! Et la BO propose quelques jolis moments.
Question acteurs, je suis un peu surpris du choix de Gastone Moschin (Don Fanucci dans « The Godfather part II » !). Je l’ai déjà vu jouer des seconds rôles colorés, mais il incarne ici un protagoniste posé et en retrait, face à des gangsters qui ont tendance à cabotiner un peu. J’ai eu un peu de mal à m’attacher à son personnage, si ce n’est qu’il est placé dans une situation difficile dès le départ. Mais peut-être ce choix va-t-il de pair avec l’ambiance âpre du film ?