C'est très schématique ce que je vais dire, mais disons qu'il y a deux types de narration : la narration classique, succession de scènes dans l'ordre chronologique, restant quasi-toujours sur une ligne scénaristique claire, et la narration déstructurée, prenant plus ou moins la forme d'un puzzle, parfois à travers la temporalité et/ou par des à-côtés sortant de l'intrigue directrice. La voie la plus risquée est la seconde. Et devinez quoi, Milla adopte cette dernière. Bon, c'est très risqué, mais bien maîtrisé, avec quelqu'un derrière la caméra qui sait ce qu'il ou elle fait, ça peut fonctionner. Mais là, ce n'est pas le cas...
Choisir la narration déstructurée, c'est aller à fond vers le danger de balancer des esquisses d'intrigues et de personnages sans jamais les exploiter jusqu'au bout de leur potentiel. Pourquoi se faire chier avec la voisine enceinte si ce n'est pour ne rien en faire par la suite ? Pourquoi faire des parents de la moribonde des gens qui ne rechignent pas à se défoncer, lors de leur première apparition, si ce n'est pour rien en faire par la suite ? Et les relations entre le professeur de musique et son ancienne élève, la mère de la protagoniste ? Et le peu qui se déroule au lycée ?
Bon, sérieusement, si la réalisatrice avait adopté une narration classique, est-ce que ces problèmes auraient été évités ? Pas forcément, mais il n'y aurait pas eu l'impression de quelqu'un qui s'est vite enfoncé dans la confusion et qui ne sait plus comment en sortir. Et elle aurait pu se rendre compte plus facilement des défauts et en éviter un maximum ainsi.
Bon, oublions tout ce qui est secondaire et qui aurait dû donner un peu de chair supplémentaire et bienvenue à l'ensemble pour rendre la vie des personnages plus vivante et vraie pour se concentrer sur l'histoire d'amour entre le personnage principal, une jeune fille dévorée par un cancer, et un toxico bien irresponsable.
Alors, autant le fait que la malade ait envie de s'offrir un baroud d'honneur en suivant ses envies, en vivant sa vie à fond, la rend compréhensible et attachante, autant ne voir pas évoluer d'un iota son amoureux ne fait absolument rien pour que je puisse avoir la moindre empathie pour lui. Un personnage se doit d'avoir ses défauts, mais face à des événements incroyables dans sa vie, s'il ne change pas d'un poil, non, désolé, ça ne m'intéresse pas.
Et pour bien essayer de faire pleurer dans les chaumières, à la toute fin, en flashback, il y a la plage, tous les personnages principaux réunis et des violons qui niquent leurs cordes. Ouais, la sobriété est aussi bien massacrée que les instruments de musique.
Oubliable et oubliée, je vais aller plutôt chialer ailleurs.