Disons-le d’emblée, ce nouvel épisode de la saga « Millenium » n’a plus grand-chose à voir avec les films suédois originaux, beaucoup plus fiévreux et versé vers le psychologique. La finesse qui les caractérisait doublé de la prestation magistrale de l’irremplaçable Noomi Rapace ne sont plus que de lointains souvenirs lorsqu’on découvre ce nouvel opus adapté d’un quatrième livre qui n’a pas été écrit par Stieg Larsson, mort il y a quelques années. D’ailleurs il vaut mieux oublier la trilogie originelle et éviter la comparaison car, broyé par la machine hollywoodienne, ce nouveau film réalisé par l’uruguayen Fede Alvarez ressemble plus à n’importe quel film américain lambda qu’à ce qui faisait le sel et l’originalité des trois films de Niels Orden Oplev. Pire, le personnage de Mikael Blomkvist est ici totalement accessoire et à la limite de l’inutilité voire de la figuration, joué qui plus est par un acteur sans saveur. Quant au remake du premier épisode par David Fincher, il apparaît aujourd’hui totalement inutile en dépit de ses incontestables qualités formelles.
« Millenium, ce qui ne me tue pas » reprend pourtant toutes les qualités visuelles de son aîné américain, voire plus encore. Comme avec son génial thriller « Don’t breathe », Alvarez excelle dans la mise en scène, nous offrant une foultitude de plans somptueux et beaux à s’en damner (comme Fincher) et s’appropriant complètement le décor minéral et glacé suédois établi par le scénario. Mais, au-delà de la simple photocopie ou du plagiat artistique, il parvient à glisser dans cette nouvelle mouture quelques séquences bien tordues de son cru comme cet homme dont on a littéralement coupé le visage ou ce cocon de cuir dans lequel Lisbeth Salander va se retrouver prisonnière. Des visions horrifiques ou sadomasochistes qui montrent bien que le cinéaste vient du film d’horreur (le remake acclamé de « Evil Dead ») et qui se fondent parfaitement dans l’univers de « Millenium ». De ce point de vue, le film est donc un plaisir esthétique incontestable à défaut d’être révolutionnaire.
Mais pour apprécier le long-métrage il faut vraiment se mettre en tête que Salander devient une sorte d’Ethan Hunt ou de Jason Bourne au féminin. Certes moins dans les combats ou les fusillades, mais dans le fait que ses alliés deviennent une sorte d’équipe à la « Mission impossible » et qu’elle devient quasiment invincible. Ou même que le final ressemble à celui d’un James Bond avec lieu hors des sentiers battus, méchante aux motivations mégalomanes et climax dans la même veine. Et c’est là que souvent le film s’avère poussif voire exagéré. Le thriller des débuts devient une sorte de film d’action ou de techno-thriller d’espionnage où invraisemblances et facilités de scénario s’égrainent tous les quarts d’heure. C’est parfois tellement gros ou facile qu’on en sourit mais le spectacle est là et il s’avère plaisant. Et dans le cadre de n’importe que film d’action américain ça passe alors pourquoi pas ici tant le spectacle est rythmé et rassasie nos envies d’en prendre plein les yeux. L’histoire en vaut une autre, les rebondissements sont bien amenés et les séquences d’action sont assez innovantes et bien filmées pour garder notre attention. « Millenium, ce qui ne me tue pas » est donc un divertissement haute couture et maîtrisé qui n’a néanmoins plus grand-chose à voir avec la sève d’origine de la saga.
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