Le monde n’avait pas besoin d’un énième film explorant l’attirance défendue des quadragénaires pour les jeunes filles en uniforme.
C’est bien pour cette raison que Miller’s girl a pris le parti de réinventer la figure de la Lolita en allant chercher celle d’Harajuku, le vestige d’un héritage littéraire victorien dont la dentelle fine et le teint blafard appellent à la rêverie gothique.
Jenna Ortega incarne à la perfection l’héroïne de ce genre qui déambule comme un spectre dans un manoir isolé et apparaît à la lisière de la forêt dans des volutes de brume.
Mais ici, ce n’est pas elle « the madwoman in the attic ». C’est Monsieur Miller, dont l’alter ego, Monsieur Murphy, remplit peu à peu le rôle de vilain tentateur et qui finira par devenir fou de désir pour cette figure fantomatique l’appelant à une transgression qu’il ne peut commettre.
Le désir n’aura finalement qu’une sublimation littéraire qui les poussera, lui et sa disciple écrivaine, au climax de leur créativité dans une scène de fin résolument et délibérément anti-climatique.
Ce sera un bon 7/10 pour Miller’s girl dont l’esthétique dark academia et la réappropriation féministe des codes gothiques aura su charmer la spectatrice que je suis tout autant que l’adolescente que j’ai pu être, assise au premier rang de la classe.