Après Ridley Scott pour Blade Runner, et Paul Verhoeven pour Total Recall, Spielberg prend à son tour pour point de départ une nouvelle de Philip K. Dick, auteur de SF très en vogue mais dont les oeuvres et l'univers sont parfois difficilement solubles à l'écran. Ce récit visionnaire permet de prévoir des crimes et à une brigade de police d'arrêter les futurs assassins, mais aussi de montrer comment les obsessions sécuritaires peuvent conduire à un Etat totalitaire, de même que la question d'une justice préventive est posée.
La virtuosité de la mise en scène de Spielberg soutient l'inventivité du scénario et permet des scènes d'action d'un grand brio et des moments de suspense tendus, même s'il n'évite pas certaines complaisances. Mais dans l'ensemble, ce cocktail de genres policier et de science-fiction est plutôt réussi en restituant intelligemment l'univers de Dick, grâce à une image granuleuse, froide, ancrée dans un univers âpre et brutal qui est bien celui du film noir. Le décor pour lequel Spielberg a fait appel à des scientifiques pour imaginer à quoi pourrait ressembler notre futur dans une quarantaine d'années, est également époustouflant. Le réalisateur aborde sa première collaboration avec Tom Cruise qu'il jette dans une enquête en forme de cauchemar, en démontrant qu'il est toujours aussi à l'aise derrière une caméra, même si moi je n'ai pas été entièrement captivé, mais c'est relatif.