En 2054 on sera en mesure de détecter un criminel avant qu'il ne le devienne et c'est à travers la division Pré-crime que ça fonctionne. L'agent John Anderton en est un de leurs meilleurs représentants, mais que se passera-t-il si un jour, il est lui-même désigné comme futur coupable ?

En ce début du XXIème siècle, Steven Spielberg semble vouloir devenir plus mature et montrer qu'il est capable de se détacher de sa vision plus béats, où il a excellé par le passé. Pour cela, il adapte un thriller sombre, complexe et futuriste de Philip K. Dick où un homme va se retrouver traqué pour un meurtre qu'il n'a pas encore commis, sans qu'il ne sache pourquoi et tant sur le fond que sur la forme, il livre là un film brillant.

Dès la vision de la pub pour la pré-crime vendant une vie sûr, paisible et sans meurtres, Spielberg commence à mettre en place une ambiance inquiétante. Il nous emmène dans un futur assez proche que l'on pourrait confondre avec notre réalité si ce n'est l'avancement technologique et l'utilisation de la génétique, toujours avec pour but de sécuriser la population et toujours avec un attrait politique se cachant derrière. Mais finalement, Spielberg montre l'inquiétude et la noirceur de cette recherche absolue de la sécurité. Ici tout est contrôlé, les scanners rétiniens sont en place et surtout tout est anticipé et l'intention de meurtres devient le meurtre, il n'y a plus aucune limite.

Tout le long, il sublime ce futur et le rend inquiétant à travers la vision de John Anderton où paranoïa et dangerosité sont au rendez-vous. Car Spielberg n'oublie pas, en plus de développer plusieurs thématiques sur l'homme et le futur, de raconter une histoire, celle d'un homme rattrapé par son futur, mais aussi son passé et les événements lié à la perte de son fils. Cherchant à découvrir la faille de pré-crime, il va aussi découvrir qui il est et sa souffrance ne fera que s'accentuer. Une histoire à laquelle Spielberg donne de l'intérêt, du rythme, de la tension et de l'intensité. Palpitant de bout en bout, on ne décroche à aucun moment tant Spielberg semble maîtriser cette passionnante et complexe intrigue. À travers John Anderson (génialement interprété par Tom Cruise), il développe le traumatisme et la culpabilité lié à la perte d'un proche. Il donne une atmosphère très sombre à son récit et ambigu, notamment autour des divers personnages gravitants autour de lui où mensonges, manipulations, meurtres et jeux de dupes sont de mises.

Sur la forme c'est là aussi une leçon de cinéma. Sobre et sans lourdeur, il use d'un filtre bleu renforçant le climat d'inquiétude et de froideur de ce futur et à travers l'image Spielberg retranscrit très bien toute la noirceur du récit. Sachant faire peu à peu monter l'intensité dans son récit, il met en place plusieurs séquences inoubliables où la tension est à son comble comme en témoignent l'introduction, la fuite d'Anderton ou la traque dans l'immeuble lorsqu'il subit une opération sur les yeux. Bénéficiant d'interprétations sans failles et d'une bande originale de qualité, il renforce tout le long l'ambiguïté, la noirceur et le mystère autour des enjeux et personnages.

Spielberg met en avant les failles d'un système et nous projette dans un futur similaire à notre présent où l'on est traqué pour une intention et non un fait. Un film d'une grande noirceur et surtout une oeuvre effrayante, intelligent et palpitante... Brillant.

Tout Spielberg : http://www.senscritique.com/liste/Blockbuster_magie_et_Amerique_Steven_Spielberg/422620

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le 11 mars 2015

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Docteur_Jivago

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